vendredi 4 avril 2025

Rififi chez les riches, les chaises et le barreau… de chaise… De quoi rire tout de même un peu

Chaises Marie-Antoinette : arnaque en costume trois pièces

Au tribunal correctionnel de Pontoise se déroule le procès de l’arnaque aux sièges Marie-Antoinette, pratiquée entre autres par le spécialiste incontesté du mobilier français du 18e siècle, ex-professeur à la Sorbonne et surnommé « le Père Lachaise » dans le milieu.

Publié le 02/04/2025

 

 

Ce grand spécialiste s’était acoquiné avec un ébéniste hors pair, élu meilleur ouvrier de France, pour fabriquer des copies de sièges ayant appartenu aux familles royales. L’imitation était parfaite, jusqu’aux faux excréments de mouche tachant les tissus, vieillis artificiellement. Chaque siège coûtait environ 50 000 euros à la fabrication et était ensuite vendu dans les 100 000 euros aux marchands d’art, galeries et maisons de ventes aux enchères comme Drouot ou Sotheby’s, dont les experts n’ont vu que du feu. Il faut dire qu’ils pouvaient revendre au bout du compte les repose-fesses à l’aristocratie moderne pour cinq à dix fois leur prix initial, ce qui n’aide pas à la lucidité.

Ainsi, la galerie Kraemer a revendu pour 530 000 euros à la famille Guerrand-Hermès une chaise censée avoir meublé un des cabinets de Marie-Antoinette. Drouot a revendu pour 2 millions d’euros une paire de fausses chaises Louis XVI estampillées « Foliot » au frère de l’émir du Qatar. Le château de Versailles, établissement public mais aussi peu économe qu’à l’époque du Roi-Soleil, s’est entre autres fendu de 840 000 euros pour une paire de chaises censées avoir appartenu à la favorite de Louis XV, la comtesse du Barry.

Tout ce beau monde, ni les faussaires, ni les intermédiaires, ni même les clients n’avaient intérêt à ce que l’arnaque soit mise sur la place publique, d’autant que les profits étaient dissimulés au fisc par l’entremise de comptes en Suisse. Selon l’expert poursuivi, « tout était faux, sauf l’argent ! »

À dire vrai, les deux faussaires avaient au moins accompli un vrai travail. Ils ne sont pas les plus voleurs dans cette affaire.

                         Christian Bernac (Lutte ouvrière n°2957)

 

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