Nouvelle-Calédonie : Offensive générale contre les travailleurs
Publié le 28/08/2024
Plus de trois mois après le début de la révolte des Kanaks contre le projet de loi modifiant le corps électoral calédonien, la mobilisation continue, tout comme la répression des troupes mobilisées par l’État français et qui ont fait mi-août un onzième mort.
La mobilisation, très forte en mai dans les zones urbaines, s’est depuis déplacée dans l’intérieur du pays. Des routes y sont régulièrement coupées, et des jeunes et des militants s’y affrontent à la gendarmerie.
Le dégel du corps électoral, qui rendrait les Kanaks encore plus minoritaires sur leur propre sol, et qui les a mobilisés, n’est toujours pas officiellement abandonné. À cette revendication s’ajoute maintenant celle de la libération des prisonniers détenus en France.
L’État français impose toujours le couvre-feu de 22 heures à 5 heures et quadrille le terrain pour multiplier les contrôles, verrouillant certaines routes. Ainsi depuis trois mois, la tribu de Saint-Louis et le sud de la commune de Mont- Dore sont pris en otage, l’axe routier menant au sud, fermé par des blindés, contraignant des milliers de gens à prendre le bateau pour sortir de la zone cernée.
Le 19 août, à la grande colère des anti-indépendantistes, quatre rapporteurs spéciaux de l’ONU se sont dits alarmés par la situation des Kanaks en Nouvelle-Calédonie. Ils ont dénoncé les méthodes répressives de l’État français, qualifiant de milices armées les groupes de « voisins vigilants » patrouillant avec le soutien des autorités.
Le patronat fait maintenant campagne sur les « dégâts » des émeutes, annonçant une facture de 2,2 milliards d’euros, le risque d’un effondrement économique, voire d’émeutes de la faim. Le gouvernement a déjà versé 300 millions mais le patronat fait pression pour en avoir plus et plus vite.
Ce sont les travailleurs, les retraités, les jeunes qui payent le prix le plus fort de cette crise dont est responsable le gouvernement français. 25 000 des 68 000 travailleurs du secteur privé seraient au chômage partiel. Quant aux prix des marchandises les plus courantes, ils ont flambé. La direction des affaires économiques du gouvernement a affirmé elle-même que « certains commerçants profitaient des circonstances pour augmenter de manière exagérée les prix. »
À ces attaques antiouvrières s’ajoutent celles dans le secteur du nickel, qui représente un emploi sur quatre. L’usine KNS, celle du Nord, où les Kanaks sont majoritaires, va licencier fin août 1 200 travailleurs, qui iront rejoindre au chômage les 600 sous-traitants qui y sont déjà.
Pour se retirer, Glencore, copropriétaire avec la province Nord de l’usine, met en avant les 9 milliards d’euros investis dans le site qui n’aurait jamais été rentable. Les travailleurs n’ont aucune raison de croire Glencore, connu sur la planète comme un capitaliste des plus voraces et sans scrupule. Sans compter que les investissements n’ont pas été perdus pour tout le monde et que l’État français a toujours soutenu, à coups de plans de centaines de millions d’euros, la filière nickel.
En Nouvelle- Calédonie, oppression coloniale et exploitation capitaliste se combinent. Les travailleurs ont seuls les moyens d’en finir avec tout cela, en prenant la société en main.
Serge Benham (Lutte ouvrière n°2926)
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