« Lycée 4.0 » : de l’affichage et des commandes publiques au grand patronat
La région Grand-Est a décidé d’équiper chaque lycéen d’un ordinateur portable. En contrepartie, il faut passer au dispositif 4.0, dit tout-numérique, c’est-à-dire essentiellement supprimer les manuels scolaires papier.
Cette façon de faire est absurde du point de vue pédagogique autant que du point de vue technique. Pour passer au tout numérique, il aurait fallu commencer par s’assurer d’un débit de connexion apte à supporter une telle demande dans chaque établissement ; il aurait fallu créer les contenus numériques aptes à remplacer réellement, et avec un service augmenté, les manuels papiers ; il aurait fallu équiper les enseignants et les former à utiliser le matériel fourni aux élèves ; et enfin, il aurait fallu prendre du temps pour familiariser les élèves à un usage pédagogique de leur matériel. Rien de tout cela n’a été fait.
Tout cela aurait demandé un encadrement en adultes, parce que tout apprentissage nécessite une présence humaine, même celui du numérique.
Ce choix de mettre la charrue avant les bœufs a sa logique : une logique de promotion politique pour l’équipe à la tête de la région, et surtout de subvention du patronat. Il n’y a jamais d’argent pour embaucher dans l’éducation, mais on le trouve pour acheter des équipements à des entreprises privées, quitte à ce qu’ils soient sous-employés parce qu’on a volontairement brûlé les étapes.
Éduquer correctement n’est pas un problème technique, mais de volonté politique. Cela passe avant tout par un investissement en moyens humains : un investissement dont est incapable cet État préoccupé uniquement de garantir les profits des capitalistes.
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