Remaniement
: une farce médiocre
08 Juillet 2020
Le remaniement ministériel
annoncé le 6 juin occupe la une des journaux et des chaînes de télévision.
L’encre et la salive coulent à flots parmi les professionnels du commentaire
pour décrire le nouvel attelage.
Macron a fait des heureux dans la
basse-cour politicienne. Ainsi, l’ex-sarkozyste Darmanin, ex-ministre du
Budget, prend du galon en étant promu ministre de l’Intérieur. Si Castaner,
contesté par ses troupes, a été limogé, Blanquer garde l’Éducation nationale,
malgré son impopularité parmi les enseignants. Pour un Macron, la colère dans
les commissariats est meilleure conseillère que celle des salles de profs. À
l’Économie, aux Affaires étrangères, les mêmes restent en place, démontrant que
le cap reste le même.
Il fallait quelques têtes
nouvelles pour donner l’illusion du changement. Aussi discute-t-on gravement du
poids qu’aura la nouvelle ministre de la Transition écologique, Barbara
Pompili. Cette ancienne d’Europe Écologie – les Verts, devenue secrétaire
d’État sous Hollande, a adhéré à LREM dès la campagne présidentielle, une
conversion aujourd’hui bien récompensée.
Si la politique de ce nouveau
gouvernement ne promet aucun changement, le spectacle est déjà assuré par la
nomination surprise du ténor du barreau Dupont-Moretti au ministère de la
Justice, où il pourra multiplier les effets de manche et les discours.
Parmi les chevaux de retour,
Roselyne Bachelot, 73 ans, ex-ministre de la Santé de Sarkozy reconvertie dans
l’animation à la télévision et la radio, ne cache pas sa joie d’être nommée
ministre de la Culture. Elle avait fait parler d’elle récemment en s’indignant
d’un « pays infantilisé », où « les gens devraient se prendre en
main » à propos du manque de masques et de blouses au plus fort de la
crise épidémique. Un tel mépris ne pouvait que séduire Macron, lui-même habitué
du genre.
Pour les travailleurs des
entreprises qui annoncent des plans de suppressions d’emplois, pour ceux qui,
intérimaires, précaires, autoentrepreneurs, ont déjà perdu leur travail, pour
les familles qui par milliers allongent les queues de l’aide alimentaire, les
gagnants et les perdants du « tournez manège » gouvernemental
importent peu. Le nouveau gouvernement, comme l’ancien, continuera de servir la
bourgeoisie avec l’empressement et le zèle du domestique pour son maître.
Boris SAVIN (Lutte ouvrière n°2710)
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