Medef :
le patronat ne veut pas de freins
10 Juin 2020
Un deuxième dispositif
d’indemnisation d’activité partielle, déjà envisagé par le patronat et les
syndicats le 4 juin, fait l’objet de nouvelles discussions. D’ores et déjà la
ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé qu’il serait en vigueur pendant
un à deux ans, mis en place par des accords collectifs d’entreprise ou de
branche, et qu’il comporterait une indemnisation comme le précédent dispositif
de chômage partiel.
L’indemnisation viendrait-elle de
l’État, de l’Unedic ? En tout cas, elle ne viendra pas du patronat. Dès
avant la première réunion, le Medef avait mis sur la table les revendications
des patrons récapitulées en détail dans le Journal du dimanche du 8
juin.
Le principe de base est simple :
à l’État de lever tous les freins, demande le Medef : les freins
sanitaires qui brident encore trop certaines activités dans l’hôtellerie ou le
bâtiment par exemple ; ceux qui, en limitant la réouverture des écoles,
gênent la reprise du travail par les parents ; ceux qui réduisent la
circulation des personnes et des marchandises en encadrant trop l’utilisation
des moyens des transports.
Quant aux investissements, là
aussi, il faudrait les dynamiser. Mettant en avant les petites et moyennes
entreprises, le patronat plaide pour qu’elles soient autorisées à ne rembourser
les prêts garantis par l’État qu’au bout de dix à vingt ans, que leurs
cotisations soient allégées pendant trente-six mois, voire supprimées en cas de
baisse d’activité supérieure à 50 % par rapport à 2019. Et l’État devrait
aussi remettre sur la table les commandes publiques !
Avec cette feuille de route bien
carrée, dont le gouvernement a déjà largement anticipé la réalisation en
distribuant des milliards aux grosses sociétés, compagnies aériennes, industrie
automobile, sans parler du paiement du chômage partiel, la voie est tracée vers
un nouveau projet, paraît-il pour sauver l’emploi.
Présenter un plan social
drastique, faire du chantage comme Ryanair – baisse du travail et du salaire,
ou la porte –, cela présente toujours des risques de conflit. Garder sous la
main des salariés travaillant à temps et salaire partiels, mais dont la charge
de travail ne sera pas obligatoirement réduite dans la même proportion, voilà
qui conviendra aux patrons et encore plus s’ils ont l’accord des syndicats.
Quant à leur engagement, en
contrepartie, de ne pas licencier, on peut gager qu’il durera moins que celui
de l’État à les subventionner.
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