Une prise
de conscience nécessaire
25 Mars 2020
Au fil des jours, et parfois des
heures, les interventions gouvernementales, l’attitude des différents secteurs
du patronat, le mépris de classe et l’arrogance patronale s’affichent sans
retenue.
Les mensonges gouvernementaux, le
double langage généralisé, provoquent déjà des réactions de la part du corps
médical dont certains grands patrons mettent sévèrement en cause Macron et sa
politique face au coronavirus, ce qui alimente encore la défiance dans les
milieux populaires.
Nombre de travailleurs se posent
aujourd’hui des questions et tiennent souvent à exprimer leur colère, voire
leur dégoût, de la façon dont on les traite, en mettant leur vie en jeu. Ils
enregistrent les mensonges des uns et des autres, et traduisent cela par
l’expression : « Eh bien nous, on peut crever ».
Cette contestation se traduit par
une abondance de messages sur les réseaux sociaux, sur Internet, où les
salariés qui ne se sentent pas de contester dans l’entreprise la politique de
leur direction, expriment leur dégoût.
Les réactions publiques restent
encore sporadiques, se manifestant sur le terrain défensif du droit de retrait,
pour la mise en danger de la vie d’autrui. Cela se traduit dans des centaines
d’entreprises par des travailleurs qui, de façon individuelle ou collective
dans une certaine mesure, se servent de ce cadre pour refuser de rester sur des
postes où ils se sentent en danger. Parfois, plus exceptionnellement, il peut
arriver que ce soit des centaines de travailleurs qui réagissent spontanément
par des débrayages pour exiger de rentrer chez eux et d’être payés, par le
biais cette fois du chômage partiel.
Mais, peut-être plus significatif
encore, les initiatives et les protestations, de quelque nature qu’elles
soient, sont parfois initiées par des travailleurs qui n’étaient nullement
militants auparavant et qui osent aujourd’hui intervenir en interpellant leurs
camarades de travail. C’est de là que pourraient venir un véritable
retournement de la situation et une réappropriation de la confiance en soi de
la classe ouvrière.
Le mythe de l’État providence,
d’un patronat soucieux de l’intérêt général, passe de plus en plus mal, même si
certains grands patrons, bien conscients du danger, essayent, un peu, de cacher
tout cela par des gestes humanitaires. Malgré les difficultés qui découlent des
différentes situations, il est nécessaire que dans le maximum d’endroits, la
parole révolutionnaire s’exprime.
Les travailleurs veulent défendre
leur peau bien évidemment. Mais il est nécessaire qu’ils soient conscients des
raisons pour lesquelles on en est arrivé là et des perspectives à mettre en
avant pour échapper à ce que l’État et le patronat réservent pour
l’après-coronavirus. Car le gouvernement annonce sans se gêner qu’il y aura des
sacrifices à faire pour remettre en ordre le système du marché et restaurer le
profit des entreprises, et qu’il faudra rembourser les centaines de milliards
ou plus encore, qui auront été distribués aux grands bourgeois. La crise du
coronavirus n’a pas supprimé la lutte de classe. Elle a donné à celle-ci une
expression encore plus odieuse. La prise de conscience doit passer par le rejet
de tout appel à l’union nationale : elle doit conduire à la compréhension
de la nécessité d’exproprier la bourgeoisie et détruire son État. Ces idées
doivent pénétrer de nouveau dans la tête et le cœur du maximum de travailleurs.
Paul
SOREL (Lutte ouvrière n°1695)
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