jeudi 26 mars 2020

Crise du coronavirus, une prise de conscience nécessaire : rejet de tout appel à l’union nationale, compréhension en revanche de la nécessité d’exproprier la bourgeoisie et détruire son État


Une prise de conscience nécessaire

25 Mars 2020

Au fil des jours, et parfois des heures, les interventions gouvernementales, l’attitude des différents secteurs du patronat, le mépris de classe et l’arrogance patronale s’affichent sans retenue.
Les mensonges gouvernementaux, le double langage généralisé, provoquent déjà des réactions de la part du corps médical dont certains grands patrons mettent sévèrement en cause Macron et sa politique face au coronavirus, ce qui alimente encore la défiance dans les milieux populaires.
Nombre de travailleurs se posent aujourd’hui des questions et tiennent souvent à exprimer leur colère, voire leur dégoût, de la façon dont on les traite, en mettant leur vie en jeu. Ils enregistrent les mensonges des uns et des autres, et traduisent cela par l’expression : « Eh bien nous, on peut crever ».
Cette contestation se traduit par une abondance de messages sur les réseaux sociaux, sur Internet, où les salariés qui ne se sentent pas de contester dans l’entreprise la politique de leur direction, expriment leur dégoût.
Les réactions publiques restent encore sporadiques, se manifestant sur le terrain défensif du droit de retrait, pour la mise en danger de la vie d’autrui. Cela se traduit dans des centaines d’entreprises par des travailleurs qui, de façon individuelle ou collective dans une certaine mesure, se servent de ce cadre pour refuser de rester sur des postes où ils se sentent en danger. Parfois, plus exceptionnellement, il peut arriver que ce soit des centaines de travailleurs qui réagissent spontanément par des débrayages pour exiger de rentrer chez eux et d’être payés, par le biais cette fois du chômage partiel.
Mais, peut-être plus significatif encore, les initiatives et les protestations, de quelque nature qu’elles soient, sont parfois initiées par des travailleurs qui n’étaient nullement militants auparavant et qui osent aujourd’hui intervenir en interpellant leurs camarades de travail. C’est de là que pourraient venir un véritable retournement de la situation et une réappropriation de la confiance en soi de la classe ouvrière.
Le mythe de l’État providence, d’un patronat soucieux de l’intérêt général, passe de plus en plus mal, même si certains grands patrons, bien conscients du danger, essayent, un peu, de cacher tout cela par des gestes humanitaires. Malgré les difficultés qui découlent des différentes situations, il est nécessaire que dans le maximum d’endroits, la parole révolutionnaire s’exprime.
Les travailleurs veulent défendre leur peau bien évidemment. Mais il est nécessaire qu’ils soient conscients des raisons pour lesquelles on en est arrivé là et des perspectives à mettre en avant pour échapper à ce que l’État et le patronat réservent pour l’après-coronavirus. Car le gouvernement annonce sans se gêner qu’il y aura des sacrifices à faire pour remettre en ordre le système du marché et restaurer le profit des entreprises, et qu’il faudra rembourser les centaines de milliards ou plus encore, qui auront été distribués aux grands bourgeois. La crise du coronavirus n’a pas supprimé la lutte de classe. Elle a donné à celle-ci une expression encore plus odieuse. La prise de conscience doit passer par le rejet de tout appel à l’union nationale : elle doit conduire à la compréhension de la nécessité d’exproprier la bourgeoisie et détruire son État. Ces idées doivent pénétrer de nouveau dans la tête et le cœur du maximum de travailleurs.

                                            Paul SOREL (Lutte ouvrière n°1695)

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