Loi
d’urgence sanitaire : tout pour le patronat !
25 Mars 2020
Le Parlement a adopté la loi dite
d’urgence sanitaire. Tout en parlant d’union nationale contre la pandémie, il
lance une nouvelle attaque contre le monde du travail.
Certes, en plus de définir les
modalités du report du second tour des élections municipales, elle permet au
gouvernement de renforcer le confinement, d’interdire les rassemblements ou les
réunions, de restreindre la circulation des personnes. Ce sont les mesures
demandées par les médecins pour limiter la propagation du virus.
Mais, sous prétexte de sauver
l’économie, la loi autorise aussi les patrons, non seulement à placer plus
facilement les salariés en chômage partiel, mais à leur imposer de prendre
jusqu’à six jours de congés.
À la dernière minute, le
gouvernement a rajouté que cela devait se faire dans le cadre d’un accord de
groupe ou d’entreprise. Jusque-là, les employeurs pouvaient modifier les
dates de congés d’un salarié à la condition de respecter un délai de quatre
semaines ; ce délai est désormais supprimé. Les patrons pourront également
imposer ou modifier les dates des jours de RTT, des repos prévus pour les
cadres ou ceux des comptes épargne-temps, sans avoir à s’embarrasser dans ces
cas d’un semblant de concertation.
Pire encore, mercredi 25, le
gouvernement devait décréter par ordonnance que la semaine de travail pouvait
être portée à 60 heures, le travail du dimanche imposé et la période de repos
réduite à 9 heures dans les secteurs dits en tension.
Les promoteurs de la loi osent
présenter ces dispositions comme un service rendu aux salariés placés en
chômage partiel, et donc payés partiellement, puisque la mise en congés
d’office leur permettrait de ne pas perdre de salaire. Comme si la plupart des
entreprises, et pas seulement les plus grandes, n’avaient pas les moyens de
maintenir intégralement le salaire des travailleurs placés en inactivité. En
fait, la loi permettra surtout aux entreprises d’empêcher les salariés de
prendre des vacances au moment où elles voudront relancer leur activité.
Qui décidera quelle activité est
nécessaire ou pas à l’économie du pays ? Pour le patronat, tout travail
qui rapporte est indispensable. Et dans les secteurs qui sont réellement
nécessaires, l’alimentation par exemple, pourquoi les travailleurs
devraient-ils voir leur vie se dégrader alors que les groupes de la grande
distribution sont richissimes et voient même leur chiffre d’affaires exploser
en cette période ?
Le gouvernement présente sa loi
comme un « effort raisonnable » demandé aux travailleurs mais il
n’envisage pas de demander le moindre effort aux actionnaires des grands
groupes, pourtant assis sur un tas d’or, produit de l’exploitation de millions
de salariés durant les années précédentes. Les entreprises du Cac 40
prévoyaient encore mi-mars de distribuer plus de 54 milliards d’euros à leurs
actionnaires. Jusqu’ici, la plupart n’ont même pas décidé d’en suspendre le
versement.
Jacques Le Gall (Lutte ouvrière n°2695)
À
tous nos amis et camarades,
25 Mars 2020
Dans
cette période de confinement, Lutte ouvrière fera tout pour continuer à
informer de bien des choses que l’on ne trouvera pas dans les moyens
d’information officiels, en défendant un point de vue communiste
révolutionnaire. Mais il sera de plus en plus difficile non seulement de
l’imprimer, mais de l’acheminer et la faire parvenir à nos abonnés, aux
vendeurs de presse et à tous nos amis.
Lutte
ouvrière sera en tout cas disponible sur le
site internet www.lutte-ouvriere.org à l’onglet journal. Il faut, plus que jamais,
continuer à nous lire et à nous faire lire !
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