« Âge
pivot-âge pipeau », c'est toute la réforme des retraites qui est à jeter !
Jeanne
Menjoulet (CC BY 2.0)
Samedi, au 38ème jour de grève
des cheminots et des agents de la RATP et alors que plusieurs centaines de
milliers de personnes manifestaient leur opposition à la réforme, Philippe a
annoncé une vraie fausse disparition de l’âge pivot.
En réalité, cet âge pivot,
rebaptisé âge d'équilibre, sera maintenu pour toutes les générations partant en
retraite après 2027. Son annonce ne concerne que ceux qui partiront entre 2022
et 2027 et elle est sous condition.
Les confédérations syndicales et
le grand patronat doivent trouver un autre moyen de financement, sans faire
payer le patronat… sans quoi l’âge pivot serait réintroduit, même pour ces
générations.
Ce que les médias présentent
comme un signe d’ouverture est donc un enfumage de première. Tout au plus
montre-t-il la fébrilité du gouvernement face aux grèves et aux manifestations.
Pour empêcher le saccage des
retraites, il faut le retrait de tout le projet. Comment accepter un nouveau
système qui, sous couvert de justice, réduira les pensions de 20 ou 30 %
et nous forcera à retarder notre départ à la retraite ?
Poudre aux yeux, mauvaise foi,
mensonges et confusion : voici comment les macronistes espèrent faire
passer la pilule. Ils promettent en particulier un minimum de 1000 euros de
retraite et le présentent comme le summum du progrès pour les femmes et les
plus précaires. C’est indigne ! 1000 euros, après toute une vie de
travail ? Quel ministre ou député vivrait avec cela ?
Quant aux mensonges, ils sont
innombrables. Certains perroquets de la majorité affirment même qu’il serait
plus avantageux de calculer la retraite sur la base de toute la vie
professionnelle que sur les 25 meilleures années ou les six derniers
mois ! D’autres expliquent aux enseignants que les hausses de salaire
qu’on leur refuse depuis 20 ans vont enfin arriver… Heureusement que le
ridicule ne tue pas !
Et ces menteurs professionnels
nous demandent de leur faire confiance. Alors, tous ceux qui continuent de
demander le retrait pur et simple du projet gouvernemental ont mille fois
raison.
Ce qui se joue autour des
retraites, c’est la lutte de classe, une lutte féroce où la bourgeoisie montre
sa voracité. Car c’est pour elle que Macron tient à cette réforme. Pour assurer
l’équilibre des retraites, l’État met aujourd'hui la main à la poche. En 2018,
il y a consacré trois milliards. Trois milliards sur 350, mais pour le grand
patronat c’est déjà trop ! La bourgeoisie exige des économies sur les
hôpitaux, l’éducation ou les retraites parce qu’elle veut que l’État lui
réserve cet argent.
En 2019, les entreprises du CAC
40 ont distribué 60 milliards d’euros à leurs actionnaires, un record
historique. Il suffirait de prendre ne serait-ce que 10 % de ces 60
milliards pour assurer le financement des régimes des retraites, mais c’est
impensable pour le gouvernement. La seule issue qu’il envisage, c’est de faire
payer les travailleurs, leur enlever des droits, les mettre à la diète.
Que les dirigeants de la CFDT ou
de l’UNSA marchent désormais avec le Medef dans la mascarade gouvernementale
n’y change rien. Ces mêmes confédérations accompagnent tous les reculs depuis des
années en se targuant d’éviter le pire. Déjà en 1995, la CFDT conduite par
Nicole Notat avait pris fait et cause pour le plan Juppé, qui avait été
abandonné sous la pression des grévistes.
Eh bien, aujourd'hui encore, ce
sont les forces que les travailleurs mettront dans le combat qui seront
déterminantes ! Tous ceux qui se sont engagés dans cette grève ont compris
qu’il n’y avait pas d’autre choix. Ce sont les profits des capitalistes ou nos
retraites, leurs dividendes ou nos emplois, leurs sinécures ou nos conditions
de travail. La seule chose qui compte, c’est le rapport de force.
Les dizaines de milliers de
grévistes de la SNCF et de la RATP ont pris conscience de cette nécessité et en
ont fait leur combat. C’est une victoire sur la résignation dans laquelle
Macron voudrait nous enfermer, y compris à coups de matraque et de LBD.
Avec cette mobilisation qui
continue, le camp des travailleurs est plus fort qu’hier. Chaque jour de grève
et de mobilisation est une petite victoire pour les travailleurs et une défaite
pour Macron. Alors, il faut tout faire pour que les nouvelles échéances
prévues, avec en particulier la journée de mobilisation du jeudi 16 janvier,
soient réussies.
Comme le disent les grévistes
depuis plus de cinq semaines, c’est une grève « pour l’honneur des
travailleurs et pour un monde meilleur ». Parce que seul le combat des
travailleurs offre une perspective à la société.
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