Lutte
ouvrière et les manifestations du 10 novembre : contre tous les racismes
13 Novembre 2019
Les manifestations appelées le 10
novembre contre le racisme et l’islamophobie ont rassemblé des milliers de
personnes à travers le pays, dont 13 500 à Paris. Lutte ouvrière était présente
dans le cortège, avec une banderole : « Contre les campagnes antimusulmans.
Contre tous les racismes. Union des travailleurs et des opprimés. »
Cette manifestation a fait
l’objet de nombreuses attaques et calomnies. Le Rassemblement national (RN) a
ainsi dénoncé une marche organisée par les islamistes. Le gouvernement n’a pas
dit autre chose, le secrétaire d’État Gabriel Attal jugeant la manifestation
insupportable. Le PS a fustigé une dérive antilaïque et antirépublicaine. Les
médias ont orchestré une campagne en règle contre cette manifestation
antiraciste. Des signataires de l’appel ont ensuite refusé de l’assumer, tel
François Ruffin, député de La France insoumise, qui a expliqué avoir signé
distraitement « en mangeant des frites et des gaufres »,
ajoutant qu’il ne participerait finalement pas car, le dimanche, il préfère
jouer au football… Contrairement à ce genre de responsables politiques dont le
mot d’ordre semble plutôt être « courage, fuyons ! », Lutte
ouvrière est fière d’avoir participé à ces manifestations en y défendant
clairement son point de vue.
À l’origine de ces
manifestations, se trouve un appel publié le 1er novembre dans Libération,
puis relayé par Mediapart, et intitulé : « Le 10 novembre,
à Paris, nous dirons stop à l’islamophobie ». Lutte ouvrière n’a pas
signé ce texte, car il comporte des formulations ambiguës, voire tout à fait
contestables. Certains des organisateurs sont des réactionnaires, ennemis
déclarés des travailleurs, à l’instar du Comité contre l’islamophobie en France
(CCIF), une association proreligieuse.
Nombre de ceux qui dénoncent
l’islamophobie portent en réalité des idées communautaristes, religieuses et
misogynes. Les communistes que nous sommes considèrent comme l’opium du peuple
les préjugés religieux, qu’ils prennent la forme de l’islam, du christianisme,
du judaïsme ou de tout autre culte. Et nous les combattons en leur opposant la
conscience de classe. Les religions ont toujours été utilisées par les
possédants, et les clergés ont été leurs alliés les plus sûrs contre les
opprimés. L’islam ne fait pas exception, comme en témoignent aujourd’hui de
nombreux régimes qui, de l’Iran à l’Arabie saoudite, servent avec férocité les
privilégiés. Le port du voile islamique qu’ils imposent est lié à l’oppression
et à l’enfermement des femmes, qui sont la règle dans ces sociétés.
Lutte ouvrière n’a évidemment pas
cessé de combattre ces tendances, qui n’étaient d’ailleurs qu’une petite partie
des manifestants du 10 novembre. Mais elle a tenu a manifester contre les
campagnes de plus en plus pesantes des racistes, qui aujourd’hui préfèrent se
replier sur la dénonciation de l’islam et des musulmans, car ils estiment le
thème plus porteur. C’est tout le discours de Zemmour, ce journaliste d’extrême
droite dont les ouvrages se vendent par centaines de milliers. C’est également
la politique du RN, comme en témoigne cette diatribe d’un de ses élus contre
une mère voilée accompagnant une sortie scolaire au conseil régional de
Bourgogne. C’est ce qui a inspiré l’auteur de l’attentat contre une mosquée à
Bayonne, un ancien candidat RN, qui a fait deux blessés graves le 28 octobre.
L’hostilité aux musulmans est aujourd’hui souvent le visage du racisme, de la
haine de l’autre, de la xénophobie dont une frange de politiciens fait son
fonds de commerce.
Les communistes combattent tout
ce qui divise les travailleurs, à commencer par le racisme et la xénophobie qui
gangrènent une partie de la société. L’extrême droite obtient des résultats
électoraux exceptionnels. Le débat politique s’organise entre Le Pen et Macron.
Ce dernier, déconsidéré dans les classes populaires, chasse maintenant lui
aussi sur le terrain du RN, en faisant adopter une série de mesures contre les
étrangers. Il s’agit, pour un gouvernement qui gave les capitalistes, de faire
des étrangers les boucs émissaires. Les médias participent à cette campagne,
que les travailleurs immigrés d’origine maghrébine ou africaine ressentent
durement. Il s’est trouvé des personnes, y compris parmi ceux qui sympathisent
avec une grande partie de nos idées, qui n’ont pas compris, voire ont
désapprouvé notre participation à ces manifestations. Ils ont tort, car cela
revient à ignorer la pression haineuse qui s’exerce sur les travailleurs
immigrés, une des composantes les plus exploitées de la classe ouvrière. Notre
présence était un geste de solidarité à leur égard. C’était affirmer que nous
étions dans leur camp face à ces politiciens démagogues.
Renoncer à manifester dans ces
conditions reviendrait à laisser le monopole de la dénonciation du racisme aux
communautaristes et aux islamistes, qui sont aussi des tendances politiques à
combattre. Ce serait les aider à convaincre les travailleurs immigrés qu’ils
sont leurs seuls défenseurs, autrement dit : le résultat qu’ils
recherchent.
L’objectif des opposants à ces
manifestations, qu’ils soient lepénistes ou macronistes, était d’empêcher toute
protestation contre la campagne de haine antimusulmans. Alors, les sermons de
ces ennemis patentés des travailleurs, et notamment des immigrés, sont nuls et
non avenus. Aujourd’hui comme hier, les communistes révolutionnaires doivent
mener, contre tous les racismes, le combat pour l’unité du monde du travail
autour de ses intérêts de classe. Et leur place est aux côtés des travailleurs
et des opprimés qui sont la cible de campagnes odieuses.
Michel
BONDELET (Lutte ouvrière n°2676)
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