Contre la
politique criminelle de la SNCF et du gouvernement, vive la réaction collective
des cheminots !
Les médias ont relayé jusqu’à la
nausée une campagne contre les cheminots, massivement en droit de retrait
vendredi et tout le week-end. À les entendre, les cheminots seraient des
irresponsables ayant décidé, sans aucune raison valable, de prendre en otage
les voyageurs au moment des départs pour les vacances de la Toussaint.
C’est pourtant bien le sens des
responsabilités et de la sécurité qui a poussé les travailleurs de la SNCF à
réagir après l’accident d’un TER dans les Ardennes, mercredi 16 octobre. Parti
de la région Champagne-Ardenne, le mouvement s’est rapidement étendu à tout le
pays. La réaction individuelle spontanée de milliers de cheminots s’est
transformée en réponse collective, contre ce qu’ils ressentaient à juste titre
comme l’accident de trop.
La direction de la SNCF a mis en
place et généralisé les TER « équipement à agent seul » pour
supprimer des emplois de contrôleurs. Voilà pourquoi, comme des milliers
d’autres, le train accidenté le 16 octobre circulait sans autre personnel que
le conducteur.
C’est grâce au sang-froid et à la
détermination de son conducteur que le pire a été évité, quand la rame qu’il
conduisait a percuté un convoi exceptionnel bloqué sur les voies, à la hauteur
d’un passage à niveau. Choqué et blessé lui-même, il s’est démené pour assurer
la sécurité des 70 passagers. Les systèmes de sécurité ne fonctionnant pas, il
a marché plus d’un kilomètre pour aller disposer des torches à l’avant et à
l’arrière du train afin de signaler l’accident et d’éviter que l’arrivée d’un
autre train ne provoque un suraccident. Il est ensuite retourné dans le train
pour rassurer les passagers et s’occuper des voyageurs blessés.
Dans le public comme dans le
privé, c’est le dévouement des travailleurs qui permet de tenir. À Rouen par
exemple, lors du sinistre de l’usine Lubrizol, des ouvriers de l’entreprise ont
eu le réflexe salutaire d’éloigner des produits dangereux de l’incendie,
pendant que les patrons de la multinationale niaient tout danger et toute
responsabilité.
Mais pour la conduite courageuse
et responsable de ces travailleurs, pas de couronnes de lauriers, pas de
reportages admiratifs à la télé et à la radio.
À la place, un tombereau
d’insultes s’est déversé sur les cheminots. Mentant sans vergogne, Pepy, le PDG
de la SNCF, a affirmé « qu’il n’y a aucun danger grave et imminent sur
aucun train à la SNCF ». À l’unisson avec le Premier ministre Philippe, il
a évoqué des sanctions judiciaires pour « grève sauvage ».
C’est vraiment le monde à
l’envers ! Car les vrais criminels dans cette affaire sont à la tête de la
SNCF et du gouvernement. Leur politique d’économies se traduit par la
suppression de milliers d’emplois. Et moins de travailleurs dans les ateliers,
à la maintenance des voies, dans les trains et dans les gares, c’est autant de
risques en plus, pour les travailleurs comme pour les passagers. Alors les
cheminots ont eu mille fois raison de manifester leur refus de continuer comme
cela !
Quant à ceux qui nous dirigent,
ils ne sont responsables que devant les profits des capitalistes. Pour que les
milliards continuent à arroser le grand patronat, le gouvernement étouffe les
services indispensables à la population à coup de réductions d’effectifs et de
budgets. Dans les écoles, les directeurs sont obligés de tout gérer seuls,
pendant que dans les hôpitaux, les travailleurs sont mobilisés depuis des mois
pour qu’on leur donne les moyens de faire leur travail sans maltraiter les
patients, sans risquer de tuer au lieu de soigner.
De recul en recul, la classe
ouvrière subit non seulement les salaires trop faibles et les conditions de
travail dégradées, mais aussi une société de plus en plus invivable, où éduquer
les enfants, se soigner ou se déplacer devient difficile, voire dangereux.
Il faut que les travailleurs
réagissent collectivement contre ces attaques. La journée de grève
interprofessionnelle du 5 décembre est appelée contre la réforme des retraites,
dernier épisode de la guerre que gouvernement et grand patronat nous mènent.
Elle peut être une première étape pour affirmer notre droit à une existence
digne.
Au-delà, c’est bien l’existence
et la domination de cette classe capitaliste, qui tue la société à petit feu,
que les travailleurs devront remettre en cause.
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