Le Pen-Bardella et Macron-Loiseau
se disent satisfaits des résultats du scrutin européen. Le RN termine la course
en tête, et La République en marche estime avoir limité les dégâts. Tout avait
été fait pour que les électeurs pensent qu’ils n’avaient le choix qu’entre le
représentant des banquiers et la millionnaire d’extrême droite, entre la peste
et le choléra. La liste Les Républicains enregistre un score faible. Une grande
partie des électeurs de droite votent maintenant pour cet ancien ministre de
Hollande qu’est Macron : il mène une politique antiouvrière qui les
comble.
Dans une certaine mesure, le résultat
des écologistes témoigne d’une inquiétude légitime sur l’avenir de la planète.
Mais sans une remise en cause du fonctionnement de l’économie, la protection de
l’environnement ne peut que buter sur les intérêts des grands groupes
capitalistes. Des Verts à Hulot, les ministres écologistes ont servi d’alibi à
bien des gouvernements, plus soucieux des profits de Total et autres pollueurs
que de l’environnement.
Quant aux salariés, aux chômeurs,
aux retraités des classes populaires, ils sont largement restés à l’écart du
scrutin. Aux abstentionnistes, nombreux dans les communes ouvrières, il faut
ajouter les travailleurs immigrés qui, bien que vivant en France et y payant
des impôts, sont privés du droit de vote.
C’est tout le système politique
qui est en cause : quel que soit le parti vainqueur dans les urnes, ce
sont toujours les capitalistes qui dirigent. Et c’est encore plus criant pour
ce Parlement européen, dont on ne sait pas vraiment à quoi il sert.
Lorsque l’alternance entre la
droite et la gauche gouvernementale fonctionnait, cette dernière était encore,
par son histoire, liée au mouvement ouvrier, ce qui attirait la sympathie des
classes populaires. Mais elle a défendu les institutions, en expliquant aux
travailleurs qu’ils pouvaient changer leur sort par le vote. Aujourd'hui, après
des années au pouvoir, elle s’est discréditée. En France, le RN de Le Pen s’est
renforcé. En Italie, en Hongrie ou en Belgique, d’autres courants politiques
xénophobes, partisans de régimes autoritaires, ont également progressé, comme
en témoignent les résultats du scrutin.
Face à cela, certains ont
l’ambition de reconstruire la gauche, de revenir au gouvernement pour gérer les
affaires des capitalistes, comme l’ont fait Hollande et d’autres.
Ce n’est pas ainsi qu’on peut
s’opposer à l’extrême droite et à sa politique réactionnaire. Ce qu’il faut
reconstruire, ce n’est pas la gauche de gouvernement, c’est un parti ouvrier,
défendant réellement les intérêts du monde du travail.
Les capitalistes mènent une
guerre sociale. La politique de Macron depuis deux ans, dans la continuité de
Sarkozy et de Hollande, en est l’expression. Et d’autres attaques sont à venir,
contre les retraites ou contre les chômeurs. Aussi, le camp des travailleurs
n’est pas une formule. Avant d’être un choix politique conscient, c’est une
réalité sociale. Et pour défendre ses intérêts, ce camp doit mener la lutte de
classe.
Pour modestes que soient les
résultats de Lutte ouvrière, soit 176 433 voix, ils confirment la présence d’un
courant politique qui maintient la tradition révolutionnaire du mouvement
ouvrier, l’internationalisme face à la montée du nationalisme et de la
xénophobie. Renforcer ce courant, lui donner la force d’intervenir dans la
lutte de classe, est essentiel en cette période d’offensive de la classe
capitaliste. Il est indispensable de construire un parti représentant vraiment
les intérêts des travailleurs, et qui ne soit pas prêt à les brader pour
quelques strapontins ministériels.
La société est aujourd'hui
ravagée par la crise économique et la misère. Elle est sous la menace de
guerres et de catastrophes écologiques. L’avidité de la bourgeoisie, la classe
qui dirige le monde, la rend incapable de répondre aux problèmes qui se posent
à l’humanité. Le fonctionnement du capitalisme exige qu’il renforce et perpétue
l’exploitation et l’oppression du prolétariat. Tôt ou tard, cette oppression
provoquera des révoltes. C’est à travers celles-ci que la classe ouvrière
pourra mettre fin à la domination du grand capital.
Le monde du travail en aurait la
force. Mais il lui manque la conscience de ses formidables capacités. Cette
conscience, un parti ayant pour objectif de mener la révolution sociale, un
parti communiste révolutionnaire, doit l’incarner. L’avenir du monde du travail
et, au-delà, de toute l’humanité en dépend.
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