On ne
changera pas notre sort sans s'attaquer à la classe capitaliste
« Grande manœuvre »,
« grand foutage de gueule », les pancartes brandies dans les
manifestations de samedi, qui ont encore réuni 84 000 personnes, montrent que
les gilets jaunes ne sont pas dupes : c’est la mobilisation qui paye.
C’est la mobilisation qui a forcé
Macron à lâcher du lest sur la CSG des retraités et qui amène aujourd'hui
certaines entreprises à verser une prime exceptionnelle aux salariés. Et pour
que les travailleurs arrachent de nouvelles concessions au gouvernement et au
grand patronat, il leur faudra se mobiliser, encore et toujours.
Quel que soit le cinéma fait
autour du grand débat national, Macron ne répondra pas à la colère sociale. Il
fera, bien sûr, quelques aménagements pour montrer qu’il a pris en compte les
remontées du débat. Il est déjà question d’adapter les 80 km/h et cela ne lui
posera aucun problème d’anticiper les changements institutionnels qu’il voulait
faire et d’introduire, par exemple, une pincée de proportionnelle à l’Assemblée
nationale.
Mais la seule façon de répondre
aux problèmes des salaires, des petites retraites, du chômage de masse et du
manque de moyens de l’État est de s’attaquer aux profits de la classe
capitaliste. Cela, Macron refusera toujours de le faire. Son refus de rétablir
l’ISF, qui est somme toute symbolique par rapport à tous les cadeaux faits à la
classe capitaliste, prouve qu’il ne touchera pas à un seul cheveu des plus
riches.
Ce choix de classe n’est pas
propre à Macron. Tous les présidents qui se sont succédé ont gouverné en faveur
de la bourgeoisie et contre le monde du travail. Tous ont protégé la classe
capitaliste, justifié ses profits et les reculs qu’elle impose à la condition
ouvrière. Y compris Hollande, alors qu’il avait désigné la finance comme son
ennemie. Et quel que soit celui qui remplacera Macron, il fera la même chose.
Draguer les investisseurs
étrangers pour qu’ils daignent s’installer en France, comme le fait aujourd'hui
Macron à Versailles, est le sport présidentiel favori. En leur temps, Sarkozy
et Hollande avaient, eux aussi, déroulé le tapis rouge aux plus riches, avec le
même discours : il fallait garantir une fiscalité avantageuse aux
capitalistes, des facilités administratives et un marché du travail libéré des
prétendues chaînes du code du travail. Et avec tout ça, l’économie était censée
redémarrer !
Résultat, on s’enfonce dans la
crise. Tout ce que ces prétendus investisseurs savent faire, c’est empocher les
profits, amasser des montagnes de capitaux, tant et si bien que 26 personnes
possèdent désormais autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité, soit 3,8
milliards d’êtres humains.
Quand bien même ces grands
groupes investissent très peu et ne créent pas d’emplois, les gouvernements
n’ont pas d’autres politiques que celle de les servir. Quelles que soient leurs
étiquettes, tous les politiciens défendent cet ordre social où une minorité
concentre dans ses mains une masse de capitaux et détient plus de pouvoir
qu’ils n’en ont, eux, à la tête de l’État. Gouverner dans le cadre de la
domination de ce grand capital, c’est faire la politique qui lui convient et se
soumettre à sa loi, la loi du profit.
La semaine dernière, Macron a
déclaré : « Les gens en situation de difficultés, on va davantage
les responsabiliser, car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent.»
Mais quand les PDG versent 57 milliards aux actionnaires et bloquent les
salaires, ils font bien ou ils déconnent ? Quand ceux qui possèdent des
milliards de capitaux s’en servent pour racheter des concurrents ou spéculer en
Bourse alors qu’il faudrait embaucher, investir dans la construction de
logements et dans les transports publics, ils font bien ou ils déconnent ?
S’il y a des comptes à demander,
ce n’est pas aux plus pauvres ou aux chômeurs, qui ne sont responsables de
rien. C’est aux capitalistes, qui ont le pouvoir et qui décident ou non
d’investir et de produire. Non seulement leur fortune est basée sur
l’exploitation des travailleurs mais ils dirigent l’économie de façon
irresponsable parce qu’ils sont aveuglés par leurs profits et se moquent des besoins
de la collectivité.
Des problèmes aussi élémentaires
que loger la population, la soigner ou s’occuper des personnes handicapées ou
dépendantes paraîtront insolubles tant que les travailleurs ne mettront pas
leur nez dans les affaires des grands groupes capitalistes.
Pour que la société reparte de
l’avant, il faut contester le droit du grand capital de faire ce qu’il veut des
profits que tous les travailleurs contribuent d’une façon ou d’une autre à
produire. Il faut l’exproprier et prendre collectivement le contrôle de
l’économie.
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