La mise en ligne d’une vidéo
montrant un élève menaçant avec un pistolet, factice, une enseignante dans sa
classe d’un lycée de Créteil, et la médiatisation de l’agression, ont suscité
l’indignation d’un grand nombre d’élèves, de parents et d’enseignants.
Le ministre de l’Éducation,
Jean-Michel Blanquer, a voulu exploiter cet événement en déclarant dimanche 21
octobre : « Nous allons rétablir l’ordre. »
Il prévoit de réunir un comité
stratégique avec le ministère de l’Intérieur pour « arrêter un plan
d’action ambitieux visant à mettre un terme à de tels comportements ».
Ce ministre, qui appartient à un
gouvernement qui fabrique les injustices, sert les riches aux dépens du reste
de la population et vide les services publics de leur personnel, prétend
résorber la violence en milieu scolaire par l’augmentation des conseils de
discipline. Il invite les établissements à se servir de la loi sur
l’interdiction du portable et prépare des mesures pour sanctionner les parents
des élèves mineurs !
Ces pseudo solutions n’auront non
seulement aucun effet, mais elles tendent à rendre les individus (enseignants,
directions, parents) responsables, alors que la violence en milieu scolaire est
le fruit d’une dégradation sociale généralisée, de la montée de
l’individualisme et de la valorisation de l’argent facile.
On ne peut pas prétendre lutter
contre la violence et continuer à supprimer des postes, à réduire l’encadrement
des établissements scolaires. Car même si la présence d’adultes au sein des
services publics ne règle pas tout, elle permet, en particulier dans le milieu
scolaire, de désamorcer la violence verbale envers les enseignants, qui est la
plus répandue, et la violence entre les jeunes.
Les enseignants ont dénoncé à juste
titre la volonté des directions de taire les incidents, et surtout de les
minimiser.
Pour autant une répression plus
forte ne résout pas nécessairement la situation. L’école étant obligatoire
jusqu’à 16 ans, exclure un élève consiste à le changer d’établissement, ce qui
est le plus souvent un échec. Sanctionner financièrement des parents qui
eux-mêmes se sentent exclus ou qui sont dépassés est une phrase démagogique,
élément de la campagne permanente contre les pauvres.
L’affaire de Créteil a été
médiatisée, mais elle ressemble à beaucoup d’autres du même ordre, dans les
bus, les trains, les services d’urgence, la poste ou les services sociaux.
Devant ce pourrissement de la société et des rapports sociaux, les travailleurs
doivent se serrer les coudes, en exigeant du personnel en nombre suffisant et
des conditions de travail décentes.
Ce minimum, qui ne pourrait être
arraché que par la lutte, ne résoudrait pourtant pas tout, car l’école ne peut
être isolée de l’ensemble de la société et de sa crise générale, économique et
sociale. Les possédants pillent toutes les ressources pour maintenir leurs
profits, ils n’entendent pas en distraire une partie pour l’éducation des
enfants des travailleurs, pas même quelques sous pour permettre aux salariés de
l’Éducation nationale de respirer. C’est cette politique-là que les ministres
successifs sont chargés d’appliquer. Si des jeunes sont laissés de côté, si
d’autres deviennent ingérables, si des enseignants craquent, que leur
importe !
Le jour où Blanquer annonçait sa
stupide, méprisante et dérisoire interdiction du portable, Macron visitait les
marchands de canons et annonçait les milliards nécessaires à un nouveau
porte-avions. Voilà où sont les priorités de l’État et de la classe possédante
qu’il sert avec dévouement.
Inès
Rabah

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