Migrants
: une loi scélérate
La loi Asile et immigration,
adoptée à l’Assemblée nationale mercredi 1er août, entérine la
politique répressive du gouvernement en matière d’immigration en restreignant
encore davantage le droit d’asile.
Si certaines dispositions plus
restrictives n’ont pas été adoptées, contre l’avis du gouvernement, comme celle
de réduire le délai d’appel de trente à quinze jours, d’autres dispositions
aggravent la situation des demandeurs d’asile : le délai pour déposer une
demande de droit d’asile est raccourci, alors que nombre de migrants ne savent
pas comment entamer une démarche administrative, et la durée de rétention est
portée à 90 jours contre 45 aujourd’hui, pour faciliter l’expulsion des
déboutés. La loi confirme aussi la possibilité de maintenir en rétention des
mineurs.
Pire, l’Assemblée n’est même pas
revenue sur une modification apportée par le Sénat, qui a eu à cœur d’aggraver,
s’il en était besoin, un texte déjà infâme. Le droit du sol n’est en effet plus
automatiquement reconnu aux enfants nés à Mayotte : seuls ceux dont au moins un
des deux parents séjournait de manière régulière sur l’île depuis plus de trois
mois avant la naissance pourront dorénavant demander la nationalité française.
Les rédacteurs de la loi ont été
obligés de tenir compte de la décision du Conseil constitutionnel qui, le mois
dernier, avait donné raison, au nom du principe de fraternité, aux militants de
la vallée de la Roya ayant aidé des migrants. Mais ni cette décision ni le
nouveau texte n’arrêtent les poursuites engagées contre les militants.
La loi du 1er août exonère ainsi
de poursuites « toute personne physique ou morale lorsque l’acte reproché
n’a donné lieu à aucune contrepartie directe ou indirecte » et que l’aide a
été « apportée dans un but exclusivement humanitaire ». Mais c’est en
invoquant les contreparties indirectes que la justice a par exemple condamné
l’agriculteur Cédric Herrou, arguant qu’il avait agi de manière militante et
donc avait reçu une contrepartie indirecte, en voyant son action figurer dans
les medias ! Et si la retraitée Martine Landry, accusée d’avoir fait entrer
illégalement deux jeunes mineurs en France l’an dernier, a bien été relaxée le
14 juillet dernier faute de preuves, le procureur d’Aix-Marseille s’est
empressé de faire appel ; elle risque toujours cinq ans d’emprisonnement et 30
000 euros d’amende.
Cette loi va aggraver
considérablement la vie des demandeurs d’asile et des migrants en général. Elle
ne mettra un terme ni à l’arrivée de nouveaux migrants, poussés par la misère
et la guerre à fuir leur pays, ni, espérons-le, à la solidarité de tous ceux
que la politique xénophobe du gouvernement révolte.
Aline
URBAIN (Lutte ouvrière n°2611)
La députée d'Argenteuil-Bezons l'a adoptée |
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