Paradis fiscaux : l’Europe aussi
François-Henri
Pinault est la septième fortune de France. Il règne sur le groupe Kering,
appelé autrefois PPR pour Pinault-Printemps-Redoute. Un collectif de médias
européens, parmi lesquels Mediapart, a cherché les astuces fiscales dont il a
pu bénéficier, comme tous ses pairs, pour arrondir sa fortune.
C’est ainsi qu’ils ont découvert que Pinault a
donné un coup de main à une de ses filiales, le groupe de luxe Gucci, pour
permettre à son patron de ne pas payer 15 millions d’impôts tandis que, dans le
même temps, Kering diminuait les siens de 50 millions. Il a suffi pour cela de faire
embaucher le patron de Gucci par une filiale de Kering enregistrée au
Luxembourg. Cette domiciliation au grand-duché permet en outre à Kering de ne
quasiment pas payer de cotisations sociales.
Et ce n’est pas tout. Le patron de Gucci travaille
en Italie. Il s’est fait embaucher sur une filiale au Luxembourg mais, cerise
sur le gâteau, il est domicilié… en Suisse ! Il ne paye donc pas d’impôt en
Italie, mais dans un canton suisse, où il bénéficie d’un forfait fiscal très
avantageux qui lui a permis, entre 2010 et 2014, de payer dix fois moins
d’impôt que s’il les acquittait en Italie.
Ce qui implique François Pinault dans ces montages
fiscaux, ce sont des mails échangés avec le patron de Gucci, dont un qui lui
garantit une rémunération annuelle nette de 8 millions d’euros grâce aux
avantages fiscaux du Luxemboug et de la Suisse, et deux contrats de travail
permettant d’en bénéficier.
Le groupe de Pinault a réagi sur cette enquête en
expliquant qu’il avait respecté toutes les règlementations fiscales. On n’en
doute pas. Le problème est qu’elles sont taillées sur mesure pour des riches
comme Pinault et d’autres.
Jacques
FONTENOY (Lutte ouvrière n°2584)
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