samedi 20 janvier 2018

Lactalis, grande distribution… forts face à un contrôle de l’État sans moyens, ni volonté. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine.




Contrôle de l’État : sans moyens, ni volonté


Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a convoqué les patrons de la grande distribution, puis celui de Lactalis, avant d’annoncer que tous les lots de lait infantile produits dans l’usine de Craon, sans distinction de date, seront finalement retirés.
Cela devrait être fait depuis le 12 janvier, mais cette fermeté de façade ne masque pas le manque de contrôle de l’État. Le préfet de la Mayenne a expliqué que les contrôles sanitaires de routine exercés par le département, comme celui qui a eu lieu en septembre, ne pouvaient pas révéler la contamination, car on n’y procède « ni à des prélèvements ni à des analyses ». Les syndicats de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ont dénoncé les suppressions de personnel qui réduisent les possibilités de contrôle.
C’est ainsi le manque de volonté politique du gouvernement, toujours attentif à ne pas mécontenter les patrons, qui explique qu’il ne cherche pas vraiment à les empêcher de nuire et de réaliser leurs profits au détriment de la santé des consommateurs, fussent-ils des bébés.
Quant aux salariés de l’usine de Craon en chômage technique, Bruno Le Maire a affirmé qu’ils seront indemnisés à 100 % par Lactalis de leur perte de rémunération. Il n’a pas précisé si, selon les règles du chômage technique, le patron sera à son tour indemnisé par l’État.
Un ancien salarié a témoigné des conditions d’hygiène déplorables dans l’usine : des brosses qui servent à nettoyer les tuyaux déposés au sol dans la poussière. Selon lui, de la limaille a déjà été retrouvée dans des boîtes de lait. Il avait à plusieurs reprises signalé ces dysfonctionnements à ses supérieurs, en vain.
Pour protéger leurs profits, patrons et actionnaires ont souvent intérêt à cacher les problèmes sanitaires, comme le montrent les scandales à répétition. Ce n’est pas le cas des travailleurs, et ce sont eux qui pourraient exercer un véritable contrôle sur la production dont ils connaissent tous les détails. Un droit qu’il faudra imposer, pour pouvoir dénoncer les abus sans risquer d’être sanctionné.

                                                 Hélène COMTE (Lutte ouvrière n°2581)




0 commentaires:

Enregistrer un commentaire