Le
gouvernement attaque les travailleurs. Préparons-nous à riposter !
Chaque jour de l’été, ou presque,
une nouvelle mesure antiouvrière est annoncée. La semaine dernière, c’est le
sort du compte pénibilité qui a été scellé. Cette mesure, bien limitée, devait
permettre à certains salariés soumis à des travaux pénibles de partir plus tôt
à la retraite. Le patronat a eu gain de cause : les travailleurs qui portent des
charges lourdes, subissent des vibrations ou sont exposés à des risques
chimiques, ne bénéficieront pas de départ anticipé. Et si, en théorie, les
autres risques restent pris en compte, ce n’est plus le patronat qui les
financera mais la Sécurité sociale.
Les annonces de baisses d’impôts
ne doivent tromper personne. Seule certitude : les riches seront servis.
L’impôt sur la fortune sera réduit. En même temps, le gouvernement diminue le
budget de l’Éducation nationale et des universités, ce qui touchera d’abord les
enfants des classes populaires. Pour les salariés et les retraités, c’est la
hausse de la CSG qui est au menu ! Quant à la baisse de la taxe d’habitation,
il reste à voir comment elle sera compensée pour les collectivités locales et
qui paiera. Une fois encore, les habitants des communes les plus pauvres seront
pénalisés.
Et le pire est à venir, avec les
ordonnances réformant le Code du travail, que les députés ont autorisées.
L’extension des accords
d’entreprise facilite le chantage à l’emploi : en menaçant de licencier, un
patron pourra accroître le temps de travail sans augmenter les salaires.
À l’échelle des branches
professionnelles, les contrats de mission seront autorisés, selon une vieille
demande du patronat, qui voudrait se débarrasser du CDI. Un salarié pourra
ainsi n’être embauché que pour la durée d’un projet, ce qui revient à vider de
son sens le CDI, et à généraliser la précarité de l’emploi. Le patronat
voudrait en quelque sorte transformer tous les salariés en travailleurs à la tâche,
exploitables puis jetables, comme c’était la règle avant 1936.
Les entreprises auront toujours
plus de facilités pour licencier : par exemple, une multinationale
ultra-bénéficiaire pourra procéder à des licenciements dits « économiques »,
dans une de ses filiales déclarant des pertes. Cette disposition était déjà
dans le projet de loi El Khomri en 2016, et avait dû être retirée face à la
contestation ouvrière – c’est à méditer ! Macron veut aussi rétablir le
plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, une
attaque à laquelle le gouvernement PS avait également dû renoncer, mais à
laquelle tient le patronat pour pouvoir se débarrasser à moindres frais de
salariés.
Le gouvernement peut sortir de
son chapeau quelques mesures mineures, afin de faire passer la potion amère.
Rappelons-nous que, quand la loi Macron avait étendu le travail du dimanche, on
parlait aux salariés de volontariat et de bonifications. Aujourd'hui une firme
comme Bricorama a réduit ses majorations.
Les travailleurs n’ont rien à
attendre des débats parlementaires. Le gouvernement dispose d’une majorité de
députés à sa botte, choisis et élus pour mettre en œuvre le programme de
Macron. Une fois que les ordonnances seront présentées, le 20 septembre, elles
seront immédiatement applicables.
Les dirigeants des confédérations
syndicales se sont pliés au cinéma du « dialogue social » que le gouvernement
met en scène cet été, alors qu’en réalité c’est lui et, derrière lui, le
patronat, qui décide de tout. Les dirigeants de la CFDT et ceux de FO passent
les plats à Macron, à Édouard Philippe, et à la ministre du Travail Muriel
Pénicaud, tout droit issue des milieux patronaux. La CGT joue aussi le jeu de
la concertation, mais a au moins le mérite d’appeler les salariés à se
mobiliser mardi 12 septembre.
Il faut se saisir de cette
occasion pour montrer que nous n’acceptons pas d’être attaqués sans réagir. Il
faut que nous soyons nombreux en grève et en manifestation ce jour-là. Cette
seule journée ne suffira pas à faire reculer le gouvernement, mais elle doit
être le point de départ d’une riposte du monde du travail, qui est la seule
réponse face à cette déclaration de guerre.
Macron peut parader avec Trump,
faire le matamore et multiplier les gestes d’autorité ; mais nous en avons vu
d’autres. Il peut se dire « droit dans ses bottes » comme Juppé en 1995, il
serait tout aussi impuissant face à une mobilisation du monde du travail, avec
des grèves et des manifestations massives. C’est ce qu’il faut préparer.
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