Paris –
La Chapelle : les migrants traités par le mépris
Près du centre humanitaire de la
porte de la Chapelle à Paris, de plus en plus de migrants dorment à même le sol
ou sur des bouts de carton.
Ils sont aujourd’hui des
centaines installés en bordure d’autoroute, dans l’espoir de pouvoir enfin être
acceptés dans ce centre, y déposer une demande d’asile et de bénéficier au
moins d’un répit après avoir été chassés de trottoir en trottoir.
Le centre a été ouvert en
novembre 2016. La maire de Paris, Anne Hidalgo, entendait répondre ainsi à la
formation périodique de campements, et surtout cacher l’afflux de migrants dans
la capitale. Plusieurs milliers d’entre eux venaient d’être évacués par la
police du quartier Stalingrad. C’était la trentième opération de ce genre à
Paris.
Au centre de la Chapelle, géré
par l’association Emmaüs, les migrants peuvent déposer une demande d’asile,
avoir un lit, de la nourriture et des soins médicaux. Mais cela ne dure que de
cinq à dix jours, après quoi ils doivent partir pour aller vers des centres
d’accueil et d’orientation situés dans tout le pays. Les capacités
d’hébergement ont rapidement été saturées. Ces dernières semaines, plus d’un
millier de personnes sont venues tenter de se faire admettre au centre, alors
que 400 seulement en ont pu sortir. Chaque matin, la file d’attente se
reconstitue aux portes, encadrée par les policiers qui n’hésitent pas à
utiliser les gaz lacrymogènes pour la disperser.
Dans le campement sauvage qui
s’est constitué aux environs règne une insalubrité totale. Une épidémie de gale
vient de s’y déclarer, et elle s’étend d’autant plus vite que les migrants
n’ont aucun moyen de laver leurs vêtements ou de faire bouillir leurs draps.
Loin de vouloir améliorer la situation, l’État la laisse s’aggraver, espérant
sans doute que cela ralentira les arrivées. Seules les associations
humanitaires et des habitants des environs fournissent des repas, des vêtements
et un minimum de soins médicaux aux migrants. La police détruit
systématiquement les tentes qu’ils voudraient installer pour se protéger et
parfois disperse les campements. On l’a vu harceler les bénévoles qui apportent
leur aide, espérant en vain les décourager.
Cette chasse aux migrants, menée
à Paris comme à Calais ou à la frontière italienne, ne pourra empêcher ceux qui
fuient la misère et la guerre dans leur pays de tenter leur chance. Elle les
force simplement à survivre dans des conditions ignobles, alors qu’après avoir
risqué maintes fois leur vie ils sont enfin parvenus à atteindre l’un des pays
les plus riches de la planète, où il y aurait les moyens de les accueillir
dignement.
Le drame que vivent ces hommes et
ces femmes doit cesser, et pour cela doit être reconnue la liberté de
circulation et d’installation à tous.
Daniel MESCLA (Lutte ouvrière n°2550)
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