Hôpital, il y a urgence !
Nous publions in extenso cet article du Parisien-95
qui est extrêmement révélateur de la situation dramatique des hôpitaux publics.
Une situation catastrophique autant pour les agents hospitaliers que pour les
malades
Argenteuil
: une infirmière tente de se suicider devant son service à l’hôpital
Marjorie
Lenhardt|14 mars 2017, 16h40
Une infirmière d’une
cinquantaine d’années a tenté de mettre fin à ses jours devant son service à
l’hôpital Victor-Dupouy d’Argenteuil en prenant une forte dose de médicaments.
La CGT a immédiatement mis ce passage à l’acte sur les mauvaises conditions de
travail et la gestion du personnel. Jeudi 2 mars, l’infirmière s’apprête à
démarrer son travail. Mais avant d’enfiler sa blouse, elle se rend à une
convocation disciplinaire avec un directeur des soins. Car trois mois plus tôt,
elle s’était violemment disputée avec une collègue alors qu’elle entamait sa
troisième nuit de travail.
Selon la CGT qui a écrit une
lettre ouverte au personnel à la suite du drame, ce « pétage de plomb » aurait
été provoqué par un changement de secteur de dernière minute couplé à la
fatigue cumulée. « Lorsqu’elle s’est fâchée, quand on lui a demandé de changer
de secteur, son quota d’heures supplémentaires était largement dépassé et ce
n’était pas la première fois », écrit le syndicat dans cette lettre ajoutant «
qu’il n’y a jamais eu autant d’entretiens disciplinaires qu’en ce moment à
l’hôpital ».
C’est en sortant de cette
convocation que l’infirmière a décidé de mettre fin à ses jours, dans sa
voiture, stationnée à proximité de son service de médecine. Ce sont ses enfants
- qui avaient reçu un message d’adieu de la part de leur mère - qui ont donné
l’alerte. Ses collègues se sont alors mis à sa recherche et l’ont finalement
trouvé sans connaissance dans sa voiture.
« Elle a été rapidement prise en
charge par l’hôpital et elle est sortie dans les deux jours », assure la
direction de l’établissement qui n’a pas souhaité réagir sur le contexte de ce
geste dans l’attente des conclusions d’une enquête interne diligentée par la
directrice des soins. Enquête ouverte dans le but d’analyser « les
circonstances des conditions de travail de cet agent ». La CGT comme le
syndicat autonome dénoncent une gestion de l’hôpital public « comme une
entreprise privée avec d’un côté une direction qui ne parle que coût,
rentabilité et mutualisation du personnel et de l’autre le personnel soignant
face aux patients ». « Notre collègue fait cela en sortant d’un rendez-vous
avec la direction, elle ne sort pas du cadre de l’établissement, elle veut dire
quelque chose, elle lance un appel aux collègues, à l’hôpital et la direction
», remarque un syndicaliste CGT qui note qu’un certain nombre d’infirmières
sont en arrêt pour dépression et d’autres sous anxiolytiques. « Cette fois,
c’est une fille qui paie le prix, la prochaine fois, ce sera peut-être une
erreur de dosage de médicaments », ajoute-t-il.
Dès le lendemain du drame, un
comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail extraordinaire s’est
réuni et une cellule d’écoute psychologique a été mise en place. « Nous allons
certainement développer une réflexion au sein de l’établissement sur le
repérage des personnes fragiles », conclut la direction.
leparisien.fr
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