La CGT appelait hier à une journée nationale interprofessionnelle de
mobilisation. Un article du dernier numéro de notre hebdomadaire sur le sujet.
Journée CGT du
21 mars : les vœux pieux ne suffiront pas
Le 21 mars la
CGT appelle à une journée nationale interprofessionnelle de mobilisations. Il
s’agit, selon la confédération, d’agir pour la « reconquête de l’industrie
et des services publics ».
Dans son appel,
la CGT décrit ce que serait une économie où chacun trouverait son compte, les
salariés, les consommateurs, les territoires et même la nature. On produirait
pour les besoins de la population, les investissements publics contribueraient
à un développement harmonieux, le chômage serait résorbé par la croissance
économique et par la diminution du temps de travail. On pourrait même augmenter
les salaires et résorber la précarité.
Tout cela
serait sans doute très bien, mais il reste un problème : comment faire pour
convaincre le patronat ? Car, pour l’instant, le grand patronat est maître chez
lui. C’est lui qui décide ce qu’on produit, où et comment. C’est lui qui ferme,
souvent, et ouvre, rarement, des usines. C’est lui qui bloque les salaires,
supprime les emplois, impose la précarité généralisée, attaque les retraites.
C’est l’État qui défend ses intérêts, qui fracasse les services publics pour
pouvoir subventionner le grand capital. C’est le même État qui mène la guerre
aux travailleurs, chaque jour, partout et toujours, et y compris lorsqu’il est
dirigé par un gouvernement qui se dit de gauche. Le système capitaliste en
crise, autre notion absente de l’appel syndical, ramène en arrière toute la
société afin que les profits soient augmentés. L’appel syndical peut-il suffire
pour inverser cette évolution ?
Pour remonter
la pente, les travailleurs devront se battre durement, en masse, avec des
objectifs qui en valent la peine. Pour faire reculer le grand patronat, il
faudra être assez forts pour lui faire craindre de tout perdre, comme en 1936.
Ne pas dire cette vérité aux travailleurs, c’est leur bander les yeux et leur
lier les mains.
La situation du
monde du travail se dégrade chaque jour, depuis des dizaines d’années, sous les
coups portés tout à fait consciemment par le patronat. Les travailleurs le
voient et le savent. La direction de la CGT se contente là de leur dire que «
ce serait bien si cela se passait autrement », sans même indiquer par quel
chemin arriver dans ce paradis.
Le rapport de
force entre le patronat et les travailleurs ne s’inversera pas du jour au
lendemain. Mais la moindre des choses serait d’indiquer la voie pour le faire.
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2537)
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