L’agression dont le jeune Théo a été victime à
Aulnay-sous-Bois est révoltante. Ce passage à tabac par quatre policiers, ce
viol avec une matraque, ces humiliations racistes sont insupportables.
Et l’injustice continue : un viol ayant entraîné une
déchirure de 10 centimètres est jugé « non-intentionnel » par
l’IGPN ! Des jeunes accusés d’avoir jeté des pierres sont déjà condamnés
par des tribunaux à de la prison ferme, tandis que les quatre policiers sont
laissés en liberté. Au nom de la présomption d’innocence ? Mais de quelle
présomption Théo a-t-il bénéficié ? Aux yeux de la police, les jeunes qui
passent un moment en bas de leurs immeubles sont présumés coupables, voire des
« bamboulas », comme l’a justifié un syndicaliste policier !
Fillon a expliqué que « la police, la gendarmerie,
les forces de sécurité […] n'ont rien à voir là-dedans » !
En prenant le parti des bourreaux contre leur victime, il est dans son rôle de
défenseur de l’ordre social capitaliste. Et Le Pen aussi, qui a pris la défense
des policiers, tandis qu’un responsable du FN traitait Théo de « racaille » !
Théo a survécu et peut témoigner. Mais qu’a subi le jeune
Adama Traoré, mort le 19 juillet dernier dans la gendarmerie de
Beaumont-sur-Oise ? La « bavure » d’Aulnay n’est pas un cas
isolé. Chaque année, des jeunes et des moins jeunes meurent à la suite de l’intervention
de la police. Les interpellations qui tournent mal parce que certains policiers
se comportent comme en territoire ennemi sont légion. C’est ce que dénonçaient
samedi ceux qui ont manifesté à Bobigny, et qui ne se résument pas aux
casseurs.
Les policiers sont certes en première ligne face à bien des
violences qu’engendre la désagrégation de notre société. Mais renforcer leurs
pouvoirs ne fera qu’empirer les choses. Le PS est revenu sur la mesure
symbolique qu’aurait été la délivrance d’un récépissé lors d’un contrôle
d’identité. Il veut assouplir les règles d’utilisation des armes, reprenant
ainsi, avec le soutien de la droite et du FN, les revendications policières. La
société que cela nous prépare, c’est celle des États-Unis, où les policiers ont
un permis de tuer.
Il faut au contraire lutter contre les inégalités et contre
ce chômage de masse qui gangrène la société et confisque toute perspective
d’avenir aux jeunes des quartiers populaires.
Théo a 22 ans et est au chômage, comme tant de jeunes des
classes populaires. À 22 ans, Charles, le fils de François Fillon, étudiant en
droit, avait un job d’étudiant : il était assistant de son père sénateur,
et gagnait 4 846 euros par mois… pour un travail qui n’a laissé aucune
trace. Tout comme sa sœur Marie, payée 3 806 euros mensuels !
Aujourd'hui, le fils Fillon est avocat d’affaires et peut gagner en une année
ce que Théo ne gagnera pas en une vie.
La voici, notre société : le racisme, l’exclusion et la
répression pour la jeunesse des classes populaires ; les passe-droits et
les privilèges pour les fils à papa !
Cette injustice, entre la jeunesse brisée de Théo et celle,
dorée, des enfants Fillon, n’est qu’un exemple criant de celle qui traverse
toute la société, entre ceux qui tentent de vivre de leur travail, et ceux qui
considèrent que tout leur est dû. Les grandes fortunes reçoivent chaque jour en
dividendes ce qu’une famille ouvrière ne peut gagner en une année, voire en une
vie. Liliane Bettencourt, une des grandes fortunes françaises, empoche chaque
semaine plus d’un million d’euros de dividendes de L’Oréal et ne paie même pas
l’impôt sur la fortune.
Les affaires Fillon et Théo sont des leçons de choses :
les riches ont tous les droits et les pauvres n’ont que des devoirs. La police
et la justice, l’appareil de l’État sont au service des premiers contre les
seconds. Cette expérience, bien des manifestants contre la loi travail
l’avaient faite au printemps 2016 ; et des dizaines d’entre eux sont
poursuivis. Ce que vivent les jeunes des quartiers, c’est un autre aspect de
cet ordre social injuste.
Alors, soyons nombreux, dans les semaines et dans les mois à
venir, à exprimer notre colère contre l’ordre social de la bourgeoisie. Soyons
nombreux à dire que nous ne voulons plus de ces inégalités, de l’exploitation,
et du racisme qui va avec. Soyons nombreux à faire entendre le camp de ceux
qui, quelle que soit leur nationalité, leur religion, la couleur de leur peau,
combattent la domination des plus riches sur cette société et toutes les
violences qu’elle charrie.
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