Le 15
septembre : manifestons contre la loi travail et contre tous les reculs
Les confédérations syndicales et
organisations de jeunesse qui réclamaient l’abrogation de la loi travail
appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations partout dans le
pays le jeudi 15 septembre.
Le monde du travail a tout
intérêt à se manifester à cette occasion pour affirmer que, votés ou pas, la
mobilisation des travailleurs peut toujours faire abroger n’importe quels loi
ou décret. Mais au-delà de cela, ce qui est en jeu est le rapport de force
entre la classe ouvrière et la classe capitaliste, qui mène l’offensive à l’aide
de son personnel politique en vue de garantir et augmenter ses profits.
Car la loi El Khomri, comme
toutes celles qui l’ont précédée, tant sous Hollande que sous Sarkozy, ne vise
qu’une chose : donner des outils au patronat, aux actionnaires, aux bourgeois,
grands d’abord, mais aussi moyens, et même plus petits, pour aggraver
l’exploitation des travailleurs, pour réduire le peu de droits dont ils
disposent pour contrecarrer le pouvoir de leurs patrons. Il s’agit de réduire
la part qui revient aux salariés, tant par le salaire direct qui leur est payé
que par les salaires indirects, mal nommés « droits sociaux », maladie,
retraite, etc. Les attaques pour imposer des horaires déments, la liberté de
licencier sans motif, n’ont que cela comme but final : faire arriver dans les
poches des actionnaires une part toujours plus grande de ce qui devrait revenir
aux salariés.
Loi ou pas loi, le patronat
continue son offensive tous azimuts et la continuera tant que la mobilisation
des travailleurs, en défendant leurs propres intérêts et leur propre programme,
n’y mettra pas le holà.
En cette rentrée, l’offensive
patronale est marquée, à l’opposé de toutes les déclarations gouvernementales,
par l’annonce de multiples plans de suppressions d’emplois. En plus des 5 000
postes directement supprimés chez SFR, les syndicats d’un de ses
sous-traitants, Téléperformance, annoncent déjà des menaces sur 200 emplois.
Toujours dans les télécoms, Bouygues est engagé dans un vaste plan de
réorganisation pour supprimer massivement des emplois, quant à Orange, la
saignée y continue à travers le non-remplacement d’un départ à la retraite sur
deux. 230 emplois sont menacés chez Philips, et 250 à la Banque de France et un
nouveau plan de réorganisation est en cours à la Banque postale. Et ce ne sont
que quelques exemples.
Aucune de ces entreprises ne peut
crier misère, mais elles se servent d’un rapport de force qu’elles croient en
leur faveur pour imposer de nouveaux sacrifices à leurs salariés. Elles veulent
aussi mettre les travailleurs en concurrence avec leurs collègues d’autres
sites ou d’autres pays. C’est ainsi que le géant de l’assurance, AXA, menace
650 emplois en Belgique, et que Carterpillar voudrait supprimer des milliers
d’emplois directs ou indirects, toujours en Belgique, pour, prétend-il, les
rapatrier à Grenoble, où il avait opéré une saignée brutale en 2009, sous les
mêmes prétextes.
Alors, minoritaires ou pas, loi
adoptée ou pas, les travailleurs doivent se montrer conscients que c’est en se
mobilisant tous ensemble dans la rue, dans les usines, les bureaux, les
chantiers qu’ils pourront mettre en échec l’offensive patronale. La classe
ouvrière produit tout et elle a le pouvoir d’imposer sa loi, ses volontés, les
revendications vitales à sa survie et à celle de toute la population. C’est
bien pourquoi le monde patronal et tout son personnel politique voudraient que
cette mobilisation prenne fin, et c’est pourquoi les travailleurs, au
contraire, doivent continuer à se manifester.
Paul
SOREL (Lutte ouvrière n°2510)
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