Pour le
retrait de la loi Travail, le combat continue
« Minoritaires irresponsables »,
« chienlit », « terrorisme social » pour Le
Figaro, « voyous » pour Gattaz … Le gouvernement, la droite et la
grande majorité des médias n’ont pas lésiné pour fustiger les actions de
blocage et les grèves dans les raffineries. Leur but était d’isoler ceux qui
continuent de se battre contre la loi El Khomri du reste de la population. Ils
ont échoué.
Comme l’a
démontré la journée de mobilisation de jeudi dernier, il y a eu, en effet, plus
de monde dans la rue, plus de grèves et plus de débrayages dans les
entreprises. Quant à la population, elle reste majoritairement solidaire des
grévistes, même quand elle doit faire la queue pour avoir de l’essence ou
devant un blocage.
Hollande
et Valls disent ne vouloir rien lâcher ? Eh bien, les opposants non plus
ne lâcheront rien ! Cela fait près de trois mois qu’ils se battent.
Certains en sont à leur huitième manifestation. D’autres en sont à dix ou
quinze jours de grève. Ils n’ont plus à prouver leur détermination.
Cette
semaine, avec les appels à la grève reconductible à la SNCF et à la RATP et
avec les journées prévues dans les Ports et docks et dans l’aérien, le camp de
la contestation va s’élargir.
Le
gouvernement parle d’objectifs catégoriels comme si leurs luttes n’avaient pas
de rapport avec la loi El Khomri. Mais l’allongement de l’amplitude de travail
et la réduction de leur temps de pause dénoncés, par exemple, par les cheminots
sont inspirés par le même esprit que la loi : utiliser le chantage à la
compétitivité pour imposer des reculs des conditions de travail et de salaire.
Alors, la
lutte dans les transports et la lutte contre la loi El Khomri ne doivent faire
qu’un, et le succès de l’une aidera au succès de l’autre.
Quant à
tous ceux qui agissent, même de façon minoritaire, ils ont raison de se battre
et d’aller jusqu’au bout de ce qui leur est possible de faire, parce que tant
qu’il y a du monde dans la rue et en grève, tout est possible.
La
pression sur le gouvernement est de plus en plus grande, et il cherche une
porte de sortie. Des tractations avec les confédérations syndicales sont
d’ailleurs prévues dans la semaine. Pour que ces dernières ne signent pas des
accords dans le dos des manifestants et pour qu’elles s’en tiennent au retrait
pur et simple de ce projet de loi pro-patronal, il faut rester mobilisés.
Oui, tous
ceux qui se battent ont de quoi être fiers. Ils ne sont peut-être qu’une
fraction du monde du travail, mais ils représentent les intérêts de tous. Et à
l’inverse du gouvernement, ils peuvent se prévaloir du soutien de la majorité
de la population et, même, de la quasi-unanimité du monde du travail.
Ce
soutien doit continuer de s’exprimer de toutes les façons possibles. En affichant
sa solidarité en toute occasion et en se joignant aux débrayages et aux
manifestations qui se présentent.
Mardi 14
juin aura lieu, à Paris, une manifestation nationale appelée par toutes les
confédérations syndicales opposées au projet de loi. Cette journée marquera une
étape importante.
Elle doit
se préparer dans les ateliers, les bureaux et les entreprises de sorte que le
maximum de salariés rajoutent leur poids dans l’épreuve de force qui se joue
contre le gouvernement et le patronat.
L’enjeu
dépasse le seul avenir de la loi El Khomri. Car au-delà de cette bataille
précise, il est nécessaire que les travailleurs reconstruisent ensemble une
force capable d’organiser la défense de leurs intérêts contre le patronat.
Il y a,
dans toutes les entreprises, des mini-lois El Khomri imposées au quotidien. En
changeant le rapport de force avec le patronat, la mobilisation actuelle ne
peut que renforcer les travailleurs qui, dans leur entreprise, veulent réagir
et riposter collectivement.
La
mobilisation actuelle et surtout les grèves, avec leurs conséquences sur la
machine à profits et la vie économique, montrent la force détenue par les
travailleurs.
Les CRS
peuvent en effet déloger quelques centaines de manifestants qui bloquent une
raffinerie ou une voie de chemin de fer. Mais ils ne peuvent pas remplacer les
salariés de ces raffineries en grève, ni s’improviser conducteurs de trains,
aiguilleurs ou pilotes d’avions.
Ils ne
peuvent pas, non plus, remplacer les ouvriers sur les chaînes de montage, les
employés, les techniciens ou les ingénieurs, qui sont tous des maillons
indispensables pour faire tourner les entreprises.
Alors
oui, les travailleurs représentent une force. Ils ne sont pas voués à subir les
lois du patronat et des gouvernements à son service !
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