mercredi 18 novembre 2015

Ratp-bus : pour les machinistes émus et touchés par les tueries, pas question pour autant de subir des condtions de travail qui se dégradentsans réagir. Le succès de la grève d'aujourd'hui. Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière à paraître.



RATP - bus : une grève largement suivie

Mercredi 18 novembre, une grève des conducteurs de bus RATP de la région parisienne a très fortement perturbé le trafic sur la quasi-totalité des lignes.
         La grève avait été appelée, à l’origine, par quatre syndicats : CGT, UNSA, FO et SUD. Mais le drame du 13 novembre l’avait remise en question. Le 14 novembre, le communiqué d’un responsable, le secrétaire général de l’union des syndicats CGT-RATP, annonçait la levée du préavis de grève, car, d’après lui, « l’heure (était) à l’unité nationale ». Sous ce prétexte il aurait fallu tout arrêter et renoncer à exprimer la colère des machinistes. L’annonce de l’annulation de toute manifestation et du rassemblement des grévistes prévu à la direction de la RATP allait dans le même sens.
         D’eux-mêmes, des machinistes émus et touchés par la tuerie se posaient des questions et hésitaient sur le fait de faire ou de ne pas faire grève. Mais le mécontentement est tel dans les 23 dépôts de l’Île-de-France que la volonté d’en découdre avec la direction de la RATP a été plus forte.
Devant les remontées venant de tous les dépôts qui voulaient y « aller », et qui considéraient que se mettre en grève ce jour-là ne serait pas faire preuve d’indifférence ou de mépris envers les victimes des attentats, le préavis de grève a finalement été maintenu par la CGT, SUD et FO.
Déjà le 15 octobre une grève avait été massivement suivie à près de 90 % au dépôt de Thiais. Ce succès témoignait de la colère des travailleurs qui ne supportent plus la dégradation de leurs conditions de travail. Même si leur directrice osait dire qu’ils sont en sureffectif, le manque de personnel est réel et chaque jour il manque des bus sur des lignes.
         Les temps de parcours sont infaisables, les bus toujours en retard, et les passagers excédés par les attentes et les bus bondés ou mis en service partiel. La suppression de 250 postes à la régulation amène une irrégularité du service sans précédent. Tout cela a fait que la grève a été un succès.
         Une autre grève avait eu lieu à la fin du mois d’octobre au dépôt de Bagneux-Montrouge suivie, elle, à 35 %. Il s’agissait de défendre un machiniste menacé de licenciement pour une prétendue faute, alors qu’on lui avait craché dessus. Des problèmes de circulation, les sanctions qui en découlent, le flicage, les licenciements, ont fini par exaspérer les conducteurs de bus, qui ont obligé la direction à revenir sur le licenciement. Mais notre camarade a eu tout de même deux mois de mise à pied sans salaire.
         Ces deux grèves ont été vécues comme des succès, surtout celle de Thiais. Très vite l’information a circulé que les machinistes de ce dépôt étaient décidés à remettre cela, convaincus qu’une journée de grève dans un seul dépôt ne pourrait pas faire reculer la RATP et son donneur d’ordres, le STIF.
         La direction a usé de tous les stratagèmes pour casser le dernier mouvement, celui du 18 novembre. Elle a fait afficher dans les terminus et les dépôts de bus le premier communiqué CGT sur la levée du préavis, et a menacé d’absence illégale ceux qui seraient grévistes. On n’avait jamais vu la direction imprimer autant de fois un communiqué CGT.
Malgré ces manœuvres, les conducteurs de bus ont été nombreux à être en grève dans les 23 dépôts. Ils ont montré qu’ils entendaient bien se faire entendre, et que « l’union nationale » ne les ferait pas taire.
                                                                                Correspondant LO

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