A l’occasion de la journée du 9
avril, le Collectif pour une Vraie Maison des Femmes avait rencontré une
journaliste du Parisien-édition du 95. Cet article est paru hier dans la
quotidien :
Ce
collectif veut sauver la maison des femmes d’Argenteuil
Maïram Guissé | 20 Avril 2015,
19h28 | MAJ : 20 Avril 2015, 19h28
C’est un lieu créé pour elles.
Celui de la Maison des femmes (Mdf). Initialement installée rue du 8 mai 45 au
cœur du centre-ville d’Argenteuil, la Mdf, lancée en 2011 par l’ancien maire PS Philippe Doucet, a
récemment déménagé rue Joly, dans des locaux plus petits.
Ses missions ont été revues. La
Mdf recentre son activité sur les femmes victimes de violences. En 2014,
Argenteuil en comptait 309 (lire l’encadré). « Nous avons décidé d’en faire une
priorité, insiste Philippe Métézeau, adjoint (UDI), en charge notamment de
l’action sociale. Je ne dis pas que le reste n’est pas important, mais ce n’est
pas l’urgence…» Cette position inquiète le collectif de soutien à la Mdf,
récemment créé. Ce dernier -composé de femmes qui la fréquentent et de membres
de l’opposition- a déjà été reçu par l’élu. « Nous voulons une vraie Maison des
femmes », insiste le groupe qui fait circuler une pétition.
Si la Mdf est un lieu d’écoute et
d’accompagnement pour les femmes en difficulté, il doit aussi remplir un autre
rôle, pour les défenseurs de la Mdf. « Comme avant, ça doit aussi être un
endroit de rencontre et d’animations, les femmes ne sont pas que des victimes
», insiste Marie-José Cayzac, élue (MDP) de l’opposition. Un point de vue
partagé par Zaïra, 58 ans. Cette habitante du Val avait l’habitude de s’y
rendre, notamment pour des ateliers bien-être. « C’était surtout un moment de
détente, qui permettait de couper avec le quotidien. Avec les autres
participantes, c’était un instant de partage, de discussion, sourit-elle.
Maintenant, ce n’est plus possible. L’activité a disparu. » Tout comme l’aspect
pédagogique. Martine Leroy est professeur de français au lycée Jean-Jaurès.
Pendant près de trois ans, cette enseignante, emmenait ses élèves à la Maison
des femmes. « Nous avons travaillé sur l’égalité entre les sexes, sur
l’Histoire des femmes, comme l’obtention du droit de vote…, détaille-t-elle.
Aujourd’hui ce n’est plus possibleet c’est fort regrettable. »
L’emplacement pose problème
« Il est nécessaire d’avoir des
priorités, sinon on ne fait rien, se défend Philippe Métézeau. Et, puis des actions sont
maintenues. Par exemple, le planning familial intervient quatre fois dans
l’année pour réaliser des manifestations publiques. » Mais ce n’est pas assez
pour le collectif. « C’est un lieu qui doit traiter la femme dans toute sa
globalité ».
Autre point de discorde :
l’emplacement de la Mdf. « C’est devenu un simple bureau au fond d’un couloir,
coincé près de la ludothèque. C’est n’importe quoi. On ne se sent plus les
bienvenues », insiste Zaïra. Entre 2011 et 2014, « 2 000 passages ont été
comptabilisés à la Mdf », précise Chantal Colin, élue (PS) de l’opposition.
Depuis son déménagement, en octobre 2014, « 43 consultations individuelles ont
été réalisées », indique Philippe Métézeau. Pas étonnant pour le collectif,
pour qui la Mdf « n’est plus visible ». « Le choix de la rue Joly n’était pas
judicieux, concède Philippe Métézeau. Mais, la maison va déménager près du
centre municipal de santé en centre-ville. Il y aura plus de place et
d’intimité, c’est important pour les femmes en difficulté. »
Malika* : «on a besoin
d’un vrai lieu»
Elle a le regard grave,
les traits tirés. Il faut dire que Malika* est encore traumatisée par une
histoire douloureuse. « Mon ex-mari me battait », balbutie-t-elle, presque
gênée. C’est cette situation qui l’a conduite à pousser les portes de la Maison
des femmes (Mdf) d’Argenteuil, un jour de mars 2013. « On m’a conseillé d’aller
là-bas. Quand je suis arrivée, j’étais incapable de parler. J’écoutais les
autres », se souvient-elle. Malgré son mutisme, Malika, 38 ans, y retourne. «
Quelque part je m’y sentais bien, j’étais en sécurité. Au bout de plusieurs
mois, j’ai commencé par dessiner ce que je vivais, puis ma parole s’est libérée
un peu », détaille-t-elle. Malika finit par quitter son mari. « J’étais suivie
alors je l’ai fait. C’était aussi pour ma fille. On vivait dans la peur, ce
n’était plus possible. Aujourd’hui, elle voit un psychologue.
»
La Mdf, c’est pour Malika
un lieu fondamental. « J’y passais beaucoup de temps avant, je participais même
à des activités, indique-t-elle. Aujourd’hui, c’est difficile. Quand j’y vais
il y a juste un bureau. Je n’ose plus parler, il n’y a pas assez d’intimité.Et
pour voir un psy, il faut attendre 15 jours. Si Malika se mobilise pour la Mdf
« c’est aussi pour les autres femmes victimesde violences ». Elle le sait, la
Mdf n’est pas menacée dans son existence. « Mais avec cette nouvelle
organisation, je suis retombée dans le noir. On a besoin d’un vrai lieu »,
insiste-t-elle.
*Le prénom a été modifié
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