Faire du
9 avril un succès et aussi le début d’une prise de conscience
La CGT, FO, la FSU et Solidaires
appellent, ce jeudi 9 avril, à faire grève et à manifester. Il faut que les
travailleurs révoltés par les licenciements, la montée du chômage, la
précarisation des emplois, le recul incessant de leur pouvoir d’achat, se
saisissent de cette occasion pour s’exprimer.
Il faut
qu’ils saisissent cette occasion aussi pour exprimer leur écœurement envers ce
gouvernement qui se dit socialiste mais qui mène la politique voulue par le
grand patronat et les banquiers, avec autant de servilité que l’a fait la
droite sous Sarkozy, l’hypocrisie en plus.
Dans sa
volonté de réserver une part croissante de son budget aux grandes entreprises
capitalistes et aux financiers, le gouvernement marche sur les pieds de bien
des catégories sociales. Nombre d’entre elles, des notaires aux médecins, des
huissiers aux buralistes, sont descendues dans la rue pour protester. Les seuls
qu’on n’a pas réellement entendus, ce sont les travailleurs, les chômeurs, qui
subissent, dans toute leur férocité, l’avidité patronale et la crapulerie
gouvernementale.
Le monde
du travail que l’on pousse vers la pauvreté a pourtant infiniment plus de
raisons que toute autre catégorie de rejeter la politique menée. Il a surtout
la force de faire trembler ceux qui l’exploitent et l’oppriment. Ceux qui n’ont
ni capitaux ni rentes et qui ne peuvent vivre que de la vente de leur force de
travail font marcher l’économie. En réagissant collectivement, ils ont le
pouvoir de la bloquer et, par là même, d’arrêter la pompe à profits qui saigne
ceux qui n’ont rien pour enrichir les actionnaires et les banquiers.
Il faut
cesser de nous taire. La politique d’austérité, la démolition du peu qui dans
la législation protégeait les travailleurs, les économies sur les services
publics, tout cela contribue au recul des conditions d’existence des classes
populaires.
Cela ne
s’arrêtera pas tout seul. Face à la crise de son économie, la classe
capitaliste ne peut sauvegarder les profits de ses entreprises, les dividendes
de ses actionnaires et l’accroissement de la fortune des grandes familles
bourgeoises, de Bettencourt à Dassault, de Mulliez à Arnault, de Peugeot à
Bolloré et les autres, qu’en écrasant toujours plus les salaires et en faisant
pression sur les travailleurs pour les rendre toujours plus corvéables.
Les
anciens se souviennent que, même dans des périodes où l’économie était en
croissance, où les affaires de la bourgeoisie allaient bien, les travailleurs
n’ont jamais pu faire l’économie des grèves et des luttes. Avec la crise,
renouer avec les luttes devient une question de survie.
Bien sûr,
une seule journée de manifestations, ce n’est pas la lutte qui serait
nécessaire. La situation exige des luttes amples, déterminées, allant en
s’élargissant au point de faire peur au patronat, au point de menacer ce qu’ils
appellent « l’ordre social » mais qui n’est que du désordre qui pèse
sur les exploités. En sachant que les travailleurs n’ont jamais d’amis au
sommet de l’État mais seulement des ennemis entièrement dévoués au grand
capital.
Un succès
le 9 avril contribuerait à redonner courage à ceux qui sont aujourd’hui
découragés, avec le sentiment, justifié, d’avoir été trompés, trahis par une
gauche arrivée pourtant au pouvoir grâce à leurs bulletins de vote.
Le simple
fait d’avoir à manifester contre un gouvernement socialiste qui a bénéficié si
longtemps de la complaisance des directions syndicales devrait faire réfléchir
tous les militants ouvriers. Il est aujourd’hui manifeste que le PS au
gouvernement est un ennemi du monde du travail. Voilà sur quelle réalité surfe
le revenant Sarkozy pour se poser en recours. Voilà ce qui permet au FN, suppôt
du grand capital comme les autres mais plus réactionnaire et plus menaçant
encore pour le mouvement ouvrier, d’avoir l’impudence de se poser en
porte-parole des plus pauvres.
Disons-nous
bien que même ceux qui à la gauche du PS prétendent s’opposer à la politique
d’austérité mais sans s’opposer à la dictature du grand patronat sur
l’économie, sans mettre en cause le capitalisme, s’ils arrivaient à la tête de
l’État, trahiraient inévitablement les exploités.
Alors, il
faut être nombreux aux manifestations du 9 avril. Et au-delà, il faut que ceux
qui se considèrent dans le camp des travailleurs face à celui de la grande
bourgeoisie se posent la question de recréer une force qui représente les
intérêts de la classe ouvrière sur le terrain politique. Cela signifie qu’elle
se donne pour objectif ultime l’expropriation de la classe capitaliste par la
lutte collective des exploités.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire