jeudi 24 juillet 2014

Proche-Orient : deux articles dans l'hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine


Israël-Gaza : halte au massacre des Palestiniens !

Depuis le 8 juillet, le gouvernement israélien terrorise les 1,8 million d'habitants de la bande de Gaza sous un déluge de bombes, à raison de 200 raids aériens chaque jour, sans compter les tirs d'obus. Il a complété ces bombardements par une offensive terrestre : les chars écrasent les décombres de ce qui fut des maisons.

En deux semaines, cette nouvelle offensive israélienne est responsable de la mort de plus de 500 Gazaouis. Dans ces quartiers surpeuplés, les dégâts humains sont catastrophiques. Personne ne croit à la propagande du gouvernement israélien sur les tirs « ciblés » visant exclusivement des tunnels d'approvisionnement et des militants du Hamas : l'opération militaire dite « Bordure de protection » est un épisode sanglant, un de plus, de la guerre que les gouvernements israéliens mènent depuis près de soixante-dix ans aux Palestiniens.

Le point de départ de cette offensive serait le meurtre non élucidé, mi-juin, de trois étudiants israéliens, suivi de l'enlèvement d'un adolescent palestinien brûlé vif par des nervis d'extrême droite, puis de tirs de roquettes depuis Gaza sur le sud d'Israël. Mais les gesticulations bellicistes du Premier ministre israélien Netanyahou, en surenchère par rapport à ses collègues ministres de l'extrême droite ultranationaliste et religieuse, font l'impasse sur le harcèlement continuel exercé sur les Palestiniens, et notamment ceux de la bande de Gaza, où le Hamas a été élu à la tête du gouvernement. Elles « oublient » les deux jeunes manifestants palestiniens abattus par des militaires israéliens, quelques semaines plus tôt en Cisjordanie occupée.

Les justifications avancées par Netanyahou ne suffisent plus à fournir aux puissances occidentales un argument pour le soutenir : l'horreur des images d'enfants mutilés, les appels de médecins tentant de soigner les blessés, conduisent les gouvernements des grandes puissances à appeler Tel-Aviv à plus de « retenue ».

Et c'est bien la moindre des choses. Il faut que cesse ce massacre non seulement de « civils », mais d'une population parquée, bien malgré elle, dans cette prison à ciel ouvert qu'est Gaza, 41 kilomètres de long, 5 à 12 de large, avec une densité de près de 5 000 habitants au km². Chassés de leurs terres en 1948 lors de la constitution d'Israël, avec la bénédiction des grandes puissances, en particulier britannique, 800 000 Palestiniens ont alors dû fuir ou mourir, tandis que 400 de leurs villages étaient rayés de la carte. Lors de la guerre des Six Jours, en 1967, 300 000 autres furent chassés lorsque l'armée israélienne s'empara de territoires dont la plupart sont encore occupés aujourd'hui. Lors de la première guerre du Golfe, en 1991, des murs furent érigés autour de certains de ces territoires occupés, la plupart des Palestiniens perdant à cette occasion la liberté de circulation sur leur propre terre.

Depuis près de soixante-dix ans, les Palestiniens aspirent à une vie normale, à des droits minimum. Et depuis tout ce temps la politique des impérialistes, dans la région, a été de soutenir sans répit l'attitude arrogante des gouvernements israéliens successifs à l'égard de leurs voisins arabes, et particulièrement de ceux qui sont obligés de coexister avec la population juive d'Israël dans des frontières communes. Les États-Unis, grands maîtres du jeu, réfléchissent à d'autres alliances potentielles dans cette région où règne un équilibre fragile et qui regorge de pétrole. Mais le gouvernement de Netanyahou n'a de cesse de se dresser sur ses ergots, multipliant les colonisations en dépit des froncements de sourcil de l'ONU. Au mépris de la population, de toute la population. Car, pour jouer sa carte, le pouvoir israélien contraint 13 millions d'habitants, israéliens et palestiniens, à une guerre quasi permanente et à une situation de terreur continuelle.

                                           Viviane LAFONT

 

Lutte contre le racisme et l'antisémitisme : une posture   pour Hollande et Valls, une nécessité pour les travailleurs

La campagne lancée par le gouvernement, Valls en tête, depuis le 20 juillet laisse un profond malaise. Partant des incidents réels qui se sont passés à Sarcelles à l'issue d'une manifestation contre les crimes de l'armée israélienne à Gaza, il mène une opération ouvertement politicienne.

Brandissant le drapeau de la lutte contre l'antisémitisme, ajoutant une timide référence plus générale au racisme pour contrebalancer, il se présente en défenseur de ce qu 'il appelle « l'ordre républicain ». Ce ne sont pas des idées et des droits démocratiques que le gouvernement défend, mais une posture. D'ailleurs les porte-parole de la droite se sont sentis obligés d'en rajouter sur le terrain du maintien de l'ordre.

Quand ce gouvernement se présente comme le champion de la lutte contre l'antisémitisme et le racisme, on doit se méfier. Cela fait un certain temps que Valls flirte avec des préjugés xénophobes et racistes. Du coup, en réaction et par rejet de ce gouvernement, qui ne ménage pas ses coups contre le monde du travail, en reprenant l'adage « les ennemis de mon ennemi sont mes amis », certains travailleurs pourraient se laisser tromper et reprendre à leur compte des prises de positions antisémites.

L'antisémitisme, le racisme et la xénophobie sont des idées mortelles pour le monde ouvrier. Au-delà de leur caractère imbécile et barbare, ces préjugés servent à dresser les exploités et les opprimés les uns contre les autres, à les solidariser avec leurs pires ennemis, les exploiteurs qui profitent de cette division haineuse.

Un exemple de ce que pourrait être une dangereuse dérive a été donné par les incidents de Sarcelles, sans que l'on sache qui étaient ceux qui se sont attaqués à la synagogue et qui ont incendié des commerces appartenant à des Juifs. Ils ont, consciemment ou par inconscience, contribué à opposer les deux principales populations de la ville. Sarcelles est une ville populaire, où cohabitent depuis longtemps des milliers de familles issues pour la plupart du Maghreb, les unes juives, les autres arabes. Toutes subissent les mêmes difficultés liées à la situation actuelle. Créer un fossé entre elles en prenant prétexte des crimes commis à Gaza sert les intérêts du patronat et du gouvernement à son service.

Ce fossé n'existe pas aujourd'hui et on peut espérer que ce qui s'est passé aura l'effet inverse.

La seule boussole qui permette de s'orienter dans ce monde chaotique où la barbarie rôde partout, et qui permette de discerner qui sont les ennemis des travailleurs et qui sont leurs alliés, reste la référence aux perspectives de transformation sociale. Elles portent l'espoir d'un monde débarrassé des scories réactionnaires, politiques et idéologiques qui le polluent.

                                                           Paul Sorel

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