lundi 10 juin 2013

Délégation de service public : Vinci… ou autre : méfiance méfiance

Lors du prochain conseil municipal du 24 juin, le contrat de la future délégation de service public du stationnement doit être votée. Il est proposer de confier celle-ci au mastodonte du BTP et des parkings Vinci. Pour éclairer la lanterne des futurs usagers, deux exemples de gros lots échus dans l’escarcelle des actionnaires de cette entreprise : deux articles extraits de numéros passés de notre hebdomadaire.

Ile-de-France : l'A86 est bouclée, Vinci touche le gros lot

Il est désormais possible de faire le tour de la petite couronne parisienne sans quitter l'autoroute A86. Les travaux de ce super-périphérique long de 80 kilomètres, qui avaient débuté il y a plus de quarante ans, se sont achevés avec la construction d'un tunnel long de 10 kilomètres, dont le dernier tronçon, entre Vaucresson et Versailles, vient donc d'ouvrir au trafic.
     Ce tunnel, baptisé Duplex, a été présenté comme un exploit : construit sur deux niveaux, chacun pour un sens de circulation, il supprimerait les risques de collision frontale. Interdit aux poids lourds et aux deux-roues pour des raisons de sécurité, il permettrait aussi de relier en dix minutes les villes de Rueil et Versailles, alors que le même trajet, effectué en surface, prend au moins 45 minutes.
     Notons tout d'abord qu'il est socialement aberrant qu'un tel ouvrage, un équipement déterminant pour les déplacements de millions de Franciliens, ait pris tant de temps pour être achevé. Car la question n'était pas tant de le construire que de trouver une solution... compatible avec les intérêts privés des propriétaires de terrains et d'immeubles situés dans cet Ouest parisien chic et cher, et avec les blocages d'élus flattant une clientèle électorale qui voulait bien d'une super-rocade, pourvu que nuisances et inconvénients l'accompagnant (pollution, bruit, emprise au sol des accès, etc.) soient rejetés dans les communes voisines.
     C'est ainsi, d'abord pour ménager cette somme d'intérêts, qu'il a finalement été décidé d'enterrer le dernier tronçon de l'A 86, une attention à laquelle n'ont pas eu droit des banlieues moins favorisées, qui sont donc parcourues en surface par cette autoroute.
     Mais ceux qui ont eu droit à un super-traitement de faveur, ce sont finalement les actionnaires de Vinci, un géant du BTP dont une filiale, Cofiroute, a reçu la concession de ce tunnel pour 75 ans. En vertu de quoi, Cofiroute peut facturer jusqu'à près de un euro du kilomètre le fait d'emprunter son tunnel !
Certes, il existe un tarif dégressif, mais seulement pour les abonnés, le coût même de l'abonnement n'étant amorti, dit-on, qu'à partir de vingt aller et retour par mois.
Ce tunnel est peut-être un exploit technique, mais sûrement une autoroute pour riches. Et un racket scandaleux imposé aux automobilistes au seul profit des actionnaires de Vinci.
                                                                   
                                                                       Pierre LAFFITTE


Aéroport Clermont-Auvergne : le groupe Vinci ramasse la mise

Depuis 1972, la gestion de l'aéroport de Clermont-Auvergne était assurée par la Chambre de commerce et d'industrie de Clermont-Ferrand.
     Celle-ci s'est désengagée en 2008, prétextant des difficultés financières. La gestion a alors été confiée au Syndicat mixte de l'aéroport Clermont-Auvergne, le Smaca. Le financement du fonctionnement de l'aéroport s'est quant à lui trouvé intégralement à la charge des collectivités territoriales. La région a été le principal pourvoyeur avec 40 % des fonds apportés, le département et Clermont-communauté se partageant les 60 % restants.
     Alors qu'en 2008 il y avait environ 170 employés à l'aéroport, il n'en restait que 135 à la fin de l'année 2009, dont 39 risqueraient de voir leur emploi supprimé dans le cadre d'un nouveau plan de suppressions de postes envisagé par le nouveau gestionnaire.
     Le Smaca ayant fait un appel d'offres aux entreprises privées pour assurer la gestion de l'aéroport, c'est le groupe Vinci qui a obtenu la concession. Après avoir touché une première enveloppe de 1 640 000 euros en 2008 simplement pour une simple étude, puis une deuxième de 750 000 euros en 2009, ce groupe, qui est chargé de gérer l'aéroport dans le cadre d'une délégation de service public, commence par récolter l'argent public, puis entend supprimer des emplois.
     Les travailleurs de l'aéroport ne sont pas d'accord. Ils ont débrayé plusieurs fois et même fait une grève surprise sur une journée complète. Le Comité d'entreprise a refusé le plan de suppressions d'emplois, le CHSCT également, puisque les postes supprimés aggraveraient inévitablement les conditions de travail.
     Un nouveau Comité d'entreprise est prévu le 26 janvier. Même si le patron revoit ses prétentions à la baisse, proposant 37 puis 26 suppressions d'emplois, les syndicats ont déposé un nouveau préavis de grève pour ce jour-là. Les travailleurs sont bien décidés à ne pas se laisser faire. Ils ne voient pas pourquoi ils devraient faire les frais d'une restructuration permettant à Vinci d'engranger encore plus de profits.


                                                             Correspondant LO

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