14 mai 2013
L’ARRESTATION DES ENFANTS DE SANS-PAPIERS DANS LES ECOLES
EST-ELLE LEGITIME SELON LE MINISTRE DE L’INTERIEUR MANUEL
VALLS ?
La
question mérite en tout cas d'être posée suite aux événements survenus la
semaine dernière dans une école de Nîmes.
Le 6 mai, Khava Plieva, réfugiée tchétchène
déboutée de sa demande d’asile était arrêtée et placée en rétention pour être
expulsée vers la Pologne en application des accords dits Dublin 2. Ses deux
enfants étaient en classe, à l’école Gustave Courbet à Nîmes, l’un en
maternelle, l’autre en primaire. La police téléphonait aux directeurs pour leur
demander de retenir les enfants afin qu’ils soient arrêtés après la sortie des
élèves, sans doute pour ne pas procéder à leur interpellation sous les yeux des
autres enfants et des parents.
Mais, un voisin, dûment autorisé par la
mère des enfants, s’est présenté et les a emmenés. Il faut se réjouir que
l’intérêt supérieur des enfants soit passé avant les considérations policières
et qu’ils n’aient pas attendu pour être emprisonnés avec leur mère. Arrivés
avec deux voitures et un fourgon les policiers ont dû constater leur absence.
La préfecture du Gard a finalement
reculé : Khava Plieva a été libérée après 48 heures de rétention, le 8 mai
vers 21 h, une mesure prise « dans l’intérêt supérieur des enfants »
assure le préfet. Une préoccupation étonnante de la part d’un haut
fonctionnaire qui venait d’emprisonner une mère et de tenter de faire arrêter
ses enfants à la porte de l’école pour les enfermer avec elle avant de les
expulser. Mère qui aujourd’hui craint de
ramener ses enfants à l’école par peur d’une interpellation.
S’il s’agit d’une initiative malheureuse
d’un préfet, il faut que le ministre la condamne et annonce les mesures propres
à empêcher qu’elle se reproduise. Ne pas le faire reviendrait à autoriser que
l'on arrête des enfants de sans-papiers
dans les écoles, une pratique qui évoque de bien mauvais souvenirs. Rappelons
que, quand il était Ministre de l'Intérieur M. Sarkozy avait tenté de
systématiser le procédé. L'indignation des enseignants, des parents d'élèves
l'avait contraint à pratiquement y renoncer tout comme ses successeurs
Hortefeux et Besson. Les dernières opérations de police connues aux abords
d’une école, des faits isolés en réalité, datent du 1er décembre
2008, à Grenoble, puis du 7 janvier 2011 à Langeac (43).
La pratique de l’arrestation des enfants
dans ou à la porte des écoles est inacceptable. La société civile ne l’a pas
tolérée sous Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas plus acceptable aujourd’hui.
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