Pour une vraie
transparence : contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises
et de la bourgeoisie
Face aux rumeurs et aux doutes persistants quant
au rôle de Moscovici et à la responsabilité de Hollande et d’Ayrault dans
l’affaire Cahuzac, le gouvernement s’est lancé dans une opération « mains
propres », la première étape étant la publication du patrimoine des
ministres.
La
gauche comme la droite ont fait de cette publication un évènement majeur. « Il
y aura un avant et un après l’affaire Cahuzac », a déclaré Marisol
Touraine, la ministre de la
Santé. Michel Sapin, le ministre du Travail, a parlé « d’un
moment d’exorcisme collectif » ! Quant aux députés, ils sont
nombreux, à droite surtout, à dénoncer « le voyeurisme » et « la
chasse aux riches ».
Quel
cinéma ! La transparence proposée est banale : elle existe dans 24
pays européens. Et quelle hypocrisie ! Ces Messieurs-dames ne nous
montrent que ce qu’ils veulent.
On
mesure déjà le ridicule de l’opération en voyant certains ministres et députés
déclarer qu’ils n’ont rien sur leur compte courant et presque pas
d’épargne ; ou qu’ils ne possèdent qu’une modeste maison et une vieille
voiture. Et ce, alors qu’un simple député touche une indemnité parlementaire de
5 200 € nets à laquelle s’ajoutent 6 400 € bruts d’indemnité pour le loyer, les
frais de réception, d’habillement, et alors qu’ils se font rembourser leurs
frais de transport !
Sous
couvert d’opération transparence, on ne connaîtra qu’une petite partie de la
réalité. Mais il fallait entendre Henri Guaino, député UMP des Yvelines et
ancien conseiller de Sarkozy, survolté contre cette mesure qui va faire de la
société, « une société du soupçon, de la suspicion, de la présomption de
culpabilité ». Et de rajouter que c’est « la maladie mortelle
de la démocratie, de la
République et des peuples libres » !
La
publication du patrimoine des élus ne révèlera pas toute la vérité mais elle
aura au moins eu le mérite de révéler l’état d’esprit de ces gens-là !
Les
travailleurs ne peuvent rien cacher de leurs comptes. Leur patron peut tout
savoir d’eux. Leur banquier s’immisce jusque dans leur intimité, comme les
organismes sociaux auprès de qui il faut déclarer le moindre euro perçu. La
bourgeoisie et les politiciens trouvent cela tout à fait normal mais dès qu’il
s’agit d’eux-mêmes, de leur argent et de leur vie, ils montent sur leurs grands
chevaux.
Les
Copé, Guaino et compagnie expriment mieux que quiconque l’état d’esprit de la
bourgeoisie qui ne supporte pas que la population puisse mettre le nez dans ses
comptes, connaître l’origine de sa richesse et prendre la mesure de son
parasitisme.
Oui, il faut une transparence totale, mais cette transparence doit s’exercer vis-à-vis de l’ensemble de la bourgeoisie, surtout la grande. Pourquoi fallait-il attendre un scandale familial pour découvrir que Madame Bettencourt, une des premières fortunes du pays, touche un million d’euros par jour, tiré des bénéfices des entreprises, dont ceux des groupes L’Oréal et Sanofi, et issu du travail de dizaines de milliers de salariés ?
Oui, il faut une transparence totale, mais cette transparence doit s’exercer vis-à-vis de l’ensemble de la bourgeoisie, surtout la grande. Pourquoi fallait-il attendre un scandale familial pour découvrir que Madame Bettencourt, une des premières fortunes du pays, touche un million d’euros par jour, tiré des bénéfices des entreprises, dont ceux des groupes L’Oréal et Sanofi, et issu du travail de dizaines de milliers de salariés ?
Oui,
il faut une transparence totale, mais celle-ci ne passera que par le contrôle
effectué par la population, par les salariés des banques, par les comptables
des groupes capitalistes.
Il y
en a bien qui défendent la levée du secret bancaire, mais il ne s’agit que de
donner la possibilité à quelques hauts-fonctionnaires d’accéder aux comptes
suspects, jamais de permettre aux employés de banque de rendre publiques les
informations qu’ils détiennent.
Ils ne
veulent pas du contrôle direct des travailleurs. Et pour cause ! Si ce
contrôle était exercé par les employés eux-mêmes, les travailleurs pourraient
non seulement contrôler les comptes des politiciens et de la bourgeoisie mais
ils pourraient savoir d’où vient l’argent. Ils pourraient savoir à qui les
banques font des facilités, pourquoi untel décroche un taux d’intérêt
préférentiel, pourquoi le même établissement qui prête des millions à des
Bernard Tapie refuse un découvert à un travailleur.
Ce contrôle révèlerait que, dans cette période de crise, alors que l’on nous dit qu’il n’y a plus d’argent pour préserver les emplois, payer des salaires et des retraites corrects, cet argent existe bel et bien dans les caisses des grands groupes capitalistes ou sur les comptes des grandes fortunes.
Ce contrôle révèlerait que, dans cette période de crise, alors que l’on nous dit qu’il n’y a plus d’argent pour préserver les emplois, payer des salaires et des retraites corrects, cet argent existe bel et bien dans les caisses des grands groupes capitalistes ou sur les comptes des grandes fortunes.
Et,
surtout, ce contrôle permettrait de dévoiler le plus grand scandale de notre
société : le mécanisme de l’exploitation qui concentre les richesses entre
les mains d’une minorité privilégiée, au détriment du plus grand nombre.
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