Nos
lecteurs écrivent : Tahiti, la misère au soleil
Étant
à Papeete pour des raisons professionnelles, je tenais à vous transmettre mon
témoignage, très éloigné des images paradisiaques qui sont généralement
transmises en métropole de Tahiti et de ses îles.
La
réalité de la carte postale est tout autre : 55 000 Polynésiens, sur une
population totale d'environ 130 000 habitants, vivent sous le seuil de
pauvreté. Des milliers de Polynésiens habitent dans des bidonvilles, maisons de
tôle, sans eau (l'eau n'est potable que dans deux des sept communes que compte
Papeete) et sans électricité, qui est de toute façon hors de prix. Quant aux
denrées nécessaires à la vie quotidienne, elles sont de 1,5 à 2 fois plus
chères qu'en métropole. Beaucoup de familles survivent en vendant des fruits ou
du poisson sur les bords des routes. Si vous avez la chance d'avoir un travail,
attention ! Car si vous le perdez, il n'existe pas de caisse de chômage, sauf
pour les membres du gouvernement local.
Les
conditions de travail sont particulièrement dures. En mai dernier, la mort d'un
docker de 44 ans ayant fait une chute de six mètres, lors du déchargement
d'un conteneur, a été l'occasion pour les syndicats de pointer du doigt le
rythme de travail imposé par les compagnies maritimes. Celles-ci exercent un
véritable chantage à la rapidité des déchargements.
L'illettrisme,
la déscolarisation dès 12 ans, sont très importants.
La
grande majorité des Polynésiens ne profitent jamais des hôtels de luxe
construits au bord de magnifiques lagons, réservés aux touristes et aux
possédants. Et ce n'est certainement pas avec les nouveaux députés qui siègent
à 18 000 kilomètres
d'ici que les choses changeront. Je suis moi aussi convaincu que seule la
mobilisation des travailleurs polynésiens sera en mesure de garantir des
conditions d'existence dignes pour toute la population.
R.
M. Tahiti
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