RATP-Bus : de nouveaux
embauchés qui relèvent la tête
Publié le 10/04/2024
Le 4 avril, 200 travailleurs
se sont rassemblés devant le siège de la RATP pour réclamer des hausses de
salaire, avec la participation notable de nouveaux embauchés.
Après que la direction a pendant
un temps suspendu les recrutements, puis brutalement aggravé les conditions de
travail en prévision de la prochaine ouverture à la concurrence du réseau de
bus, le nombre de services non assurés du fait des démissions et du sous-
effectif était devenu si important que même la grande presse s’en était fait l’écho.
La RATP avait réagi par une
campagne de recrutement à coups d’encarts publicitaires (« devenez pilote de
ligne ») accompagnés de belles paroles sur les « possibilités de carrière » et
les salaires : 26 500 euros brut annuel, annonçait-elle… sans dire qu’elle
fait ses calculs sur treize mois et en comptant les primes. Ce qui aboutit à 1
600 euros net chaque mois de salaire de base, loin des plus de 2
000 euros qu’elle faisait miroiter. Ceux qui protestent sont invités à
faire des heures supplémentaires ou à venir travailler sur leurs jours de
repos. Quant à la « carrière », elle se réduira à « évoluer » d’un repreneur à
l’autre tous les cinq ans.
Ce qui commence à faire bouger
les nouveaux est le fait d’être relégués sur une grille de salaire spécifique, qui
conduit ceux entrés depuis le 1er janvier 2023 à toucher
290 euros net par mois de moins que les autres !
Fin 2022, la direction avait
d’ailleurs tout fait pour faire basculer les conducteurs en cours de
recrutement du mauvais côté de la barrière : formations décalées, examens
médicaux inhabituels. Quant aux intérimaires ou aux apprentis qui étaient
effectivement au volant le 1er janvier, ils n’étaient pas
comptés dans les effectifs officiels.
Pendant des mois, beaucoup
disaient qu’ils ne feraient que passer, vivant un peu au jour le jour. D’autres
rejoignaient la cohorte des démissionnaires. Mais ils sont de plus en plus
nombreux à ne plus accepter la situation. Partie d’un groupe WhatsApp ayant
vite rassemblé 700 conducteurs, une pétition circule pour l’égalité des
salaires, signée par plus de 1 000 travailleurs en deux semaines. Elle est vue
d’un bon œil bien au-delà des nouveaux embauchés, et fait discuter. Ceux
d’entre eux qui sont venus au rassemblement du 4 avril étaient contents de
voir leur problème mis sur la table en voyant cela comme une première étape.
Ils ont redonné le moral aux militants présents, qui subissent depuis plusieurs
années les attaques de la direction sans parvenir à riposter.
« On n’a rien à perdre » concluait
très justement un jeune, lors de sa prise de parole. Une assemblée de tous les
dépôts, soutenue par la CGT, est prévue le 25 avril. Les embauchés depuis
janvier 2023 représentent déjà 100 à 200 conducteurs par dépôt, près de 3
000 au total. S’ils sont déterminés, ils pourront entraîner plus largement
autour d’eux et se faire craindre de la direction.
Travailleurs anciens et nouveaux
embauchés sont dans le même camp.
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2906)