Information d’un lycée du Val
d’Oise en colère
Pour
information, une lettre des enseignants du Lycée Cassin de Gonesse
LES ENSEIGNANTS DISENT
NON AUX « E3C »
Nous,
enseignants mobilisés du lycée René Cassin de Gonesse, avons décidé de nous
mettre en grève dès ce mardi 4 février en signe de protestation contre la
« réforme » du Baccalauréat et de ses modalités de mise en œuvre. Nous assurerons la surveillance des bacs
blancs de Terminale, mais refusons de participer à la tenue des E3C.
Nous
sommes opposés à la tenue de cette première session des « Epreuves
communes de contrôle continu » (ou « E3C) pour les raisons
suivantes :
Nous
déplorons la très mauvaise organisation
générale et nationale (et non propre au lycée René Cassin) de cette
première session d’E3C, qui a été totalement bâclée et mise en place dans la précipitation :
-
Un accès tardif et reporté à décembre de
la banque nationale de sujets.
-
Le petit nombre de sujets dans certaines
disciplines, rendant le choix très difficile.
-
La faible clarté des « sujets zéro »
diffusés avant les vrais sujets.
-
Beaucoup
de sujets mal faits, comportant des erreurs, trop difficiles par rapport au niveau attendu à ce stade de
l’année, ou ne correspondant pas véritablement à ce à quoi nous devions les
préparer.
-
L’absence d’attendus nationaux d’éléments de correction et de
valorisation au niveau national.
-
De
très nombreuses fuites de sujets et de
corrigés sur les réseaux sociaux, inhérentes à l’organisation même de ces
épreuves.
-
Des
instructions très précises données dans certains établissements à propos des contenus à réviser.
-
Des élèves de première insuffisamment préparés, puisqu’ils sont cette année
évalués sur de nouveaux programmes qu’ils auraient dû préparer dès la seconde.
-
Une perte de temps d’enseignement au profit de ces
évaluations.
-
Des
enseignements qui se transforment de toute façon en « bachotage » permanent au lieu de construction de savoirs.
-
La suppression de l’anonymat des copies : les correcteurs ont
reçu une liste nominative des élèves qu’ils vont corriger.
-
Un climat tendu autour de la tenue de ces épreuves,
pour lesquelles les forces de l’ordre
sont réquisitionnées afin de les faire passer « coûte que coûte ».
Plus
globalement, nous craignons que cette réforme ne soit très défavorable aux
élèves par l’inégalité évidente de
traitement et de notation des candidats entre les différents lycées qui en
découle (sujets différents, ampleur des révisions demandées aux élèves…). Ces
inégalités ne tarderont pas à être connues,
à être reprochées aux enseignants en première ligne, et risquent de faire
perdre toute valeur au baccalauréat obtenu dans certains établissements.
Enfin,
ces épreuves s’inscrivent dans la droite lignée de la création Parcoursup, qui
vise, depuis le processus de Bologne en 1999, à libéraliser l’Université et donc, à permettre une sélection non plus nationale (par
un diplôme identique pour tous), mais basée, clairement, sur des critères sociaux.
Pour
toutes ces raisons, nous demandons l’annulation
de la première session des E3C, ainsi que l’ouverture de discussion sur la révision des nouvelles modalités
d’examen du baccalauréat général et technologique.
Chers
parents, les E3C vont donc à l’encontre
des intérêts des élèves, pour lesquels les professeurs de ce lycée se
battent depuis des années, et nous
saluerons et soutiendrons toute initiative raisonnée des élèves visant à
défendre leur droit à une évaluation équitable, juste, et adaptée aux attentes
du supérieur. Nous continuerons de revendiquer avec eux ce droit,
lorsque, d’ici quelques jours, la publication de la DHG révèlera (puisque nous
avons pu nous procurer une base de calcul pour l’ensemble des lycées du Val d’Oise), une
véritable saignée des heures d’enseignements allouées à vos enfants.
Nous
invitons les parents d’élèves du lycée René Cassin à en discuter
avec
nous mardi 4 février devant le lycée dès 8h.