Combattre pour une véritable école publique de qualité
Le
maire et l’ancien maire d’Argenteuil ont salué chacun à leur façon
l’inauguration du collège privé catholique Sainte-Geneviève qui vient d’avoir
lieu ces derniers jours. Ce n’est pas la visite de courtoisie qui est
critiquable en soi mais la revendication de l’aide apportée par la commune à la
réalisation de cet établissement privé. La médaille en la matière revient à
l’ex-maire qui revendique haut et fort la réalisation de ce projet, dans une
vidéo diffusée sur Facebook.
L’attraction des établissements
d’enseignement privé n’est que la conséquence de la dégradation de l’école
publique. Mais le seul combat qui vaille est de lutter pour l’amélioration de
l’école commune à tous, l’école publique.
Voilà ce que nous écrivions en octobre
2012 à l’occasion du conseil municipal, prenant le contrepied des élans de P.
Doucet en faveur de l’école privée catholique. Il s’agissait là du projet de
lycée catholique au Val-Sud. Mais notre discours valait pour les soutiens
apportés par le maire d’alors aux projets des établissements Saint-Joseph et
Sainte-Geneviève.
« Le
rapport présenté par monsieur le Maire mis en délibération ce soir regroupe des
projets que nous approuvons et un autre sur lequel nous sommes en total
désaccord. Il s’agit d’engager des études pour la construction d’équipements
publics, mais aussi de « définir les modalités d’un partenariat avec les
représentants de l’enseignement privé catholique sous contrat d’association
afin de permettre la réalisation d’un lycée, et consécutivement de doubler les
effectifs du collège Sainte-Geneviève ».
Nous voterions des deux mains la réalisation
d’équipements publics sur un terrain à l’abandon depuis des années. La tour
amiantée démolie a suffisamment coûté à la collectivité. Les équipements
publics dont la réalisation est projetée apparaissent dans l’intérêt de tous.
Mais ces projets légitimes sont associés à un
partenariat en vue de la construction d’un lycée privé catholique. Et là, nous
ne sommes absolument pas d’accord.
Nous récusons ce partenariat, et la vente de
terrains propriété communale à la fin de favoriser le développement de
l’enseignement privé. Par un biais ou par un autre, il s’agit de subventionner
l’enseignement privé, et pour nous, il n’est pas question d’accepter que des
fonds publics servent une fois de plus le privé.
L’argent public doit aller aux services
publics et pas à des établissements d’enseignement confessionnel –cela, quelle
que soit la confession- qui sélectionne les enfants en faisant payer leurs
services alors que l’Education nationale est tenue, elle, d’accueillir tous les
jeunes, sans exception, sans exclusive, quel que soit leur milieu social. A
l’heure actuelle et je suis bien placé pour le savoir, l’enseignement public
manque désespérément de moyens : en personnel enseignant, en personnel
médical, de surveillance des jeunes, etc. Il manque également de moyens
matériels. Et on voudrait que nous acceptions de favoriser, peu ou prou, et de
financer, ne serait-ce qu’indirectement, des établissements privés ?
L’installation d’un lycée privé catholique à
Argenteuil ne pourrait qu’accentuer la concentration des problèmes scolaires du
côté de l’école publique, et la sélection par l’argent –même si les sommes
demandées ne sont pas astronomiques- des élèves dont les parents peuvent payer.
Au lieu d’élever le niveau de l’ensemble des jeunes et de l’ensemble de
l’enseignement, c’est à une ségrégation renforcée des élèves que l’on
assisterait. Encore une fois, l’accumulation des problèmes à l’école publique,
je la vis depuis des décennies, et plus précisément depuis douze ans dans un
établissement en difficulté du secondaire de la commune. Et je suis bien placé
pour savoir que ce n’est ni la qualité des enseignants ou du personnel ni les
élèves qui en sont responsables. Ce qui est en cause, c’est le manque de moyens
adaptés à la situation des jeunes, de leurs familles, pour remplir au mieux
notre tâche d’éducateurs.
Depuis la loi Falloux, des lois successives
ont favorisé les établissements privés et depuis la loi Debré de 1959, les
enseignants du privé sont rémunérés par l’Etat. C’est déjà scandaleux. Il n’y a
aucune raison pour qu’une municipalité qui se dit socialiste comme la nôtre
aille plus avant en ce sens en facilitant l’implantation d’écoles
confessionnelles.
Pendant longtemps, le mouvement socialiste a
milité pour la défense de l’école publique et contre toutes les mesures
aggravant les difficultés de l’enseignement public. Pour nous, cela reste
toujours un combat d’actualité. L’école financée avec les deniers publics,
c’est l’école publique, obligatoire et ouverte à tous. Si l’église catholique
souhaite ouvrir une école, elle en a les moyens, qu’elle s’adresse à ses
adeptes pour la réaliser et la financer de bout en bout. Il n’y a aucune
raison, en revanche, que la collectivité favorise ses projets, de près ou de
loin.
En
conséquence, je conclurai pour demander que le projet de réalisation du lycée
catholique soit dissocié des autres points présentés. Car si nous sommes pour
refuser ce projet de lycée privé, nous sommes en revanche favorables aux
autres objectifs énumérés dans ce rapport. »