Dotations
aux collectivités : les communes asphyxiées
L’Association des maires de
France (AMF) fédère l’ensemble des maires des communes du pays et prétend être
leur représentant patenté, du maire de la plus petite commune rurale au
sénateur maire inamovible d’une grande ville richissime. Elle appelle
aujourd’hui la population à protester contre la réduction des dotations aux
collectivités locales.
Après
avoir fait voter des motions dans les conseils municipaux de tout le pays,
rencontré le gouvernement, fait connaître ses revendications aux médias, elle
propose une mobilisation samedi 19 septembre, dans toutes les mairies.
D’après
l’AMF, la réduction de 30 % des dotations contraint les communes à choisir
entre l’augmentation des impôts et la réduction des services rendus à la
population : logements, crèches, écoles, cantines, centres d’action sociale,
transports, etc. La simple énumération des services touchés montre que ce sera
la partie la plus pauvre de la population, celle qui a le plus besoin des
services publics, qui sera directement et durement touchée.
Les
finances des communes et des collectivités territoriales sont soumises à rude
épreuve. Tout d’abord l’État leur a dévolu de plus en plus de missions, sans
leur fournir les moyens financiers correspondants ou, à tout le moins, sans les
réévaluer. Ensuite Sarkozy a mené campagne pour la réduction des effectifs de
fonctionnaires territoriaux, gelé les dotations et milité pour leur diminution.
Enfin Hollande a réalisé ce programme en baissant les dotations de 1,5 milliard
d’euros en 2014, puis de 11 milliards les trois années suivantes.
L’AMF se
présente, la main sur le cœur, en défenseur des intérêts de la population contre
la voracité de l’État. Mais ses responsables, signataires de l’appel du 19
septembre, ne vont pas jusqu’à indiquer la totalité de leur curriculum vitae.
Car les Baroin, Laignel, Vergnier, Amiable, Guillemot, Rossinot, ne pas sont
maires de villages ruraux ou de petites villes ouvrières. Ils sont tous
députés, sénateurs, anciens ministres, responsables des partis politiques ayant
géré le pays et aujourd’hui encore aux affaires. Ils ont donc, tous à leur
tour, voté et appliqué les mesures qu’ils prétendent combattre aujourd’hui, ils
ont tous participé au vol de la population pour financer les cadeaux au grand
patronat. Ils se gardent bien d’ailleurs de dire pourquoi et pour qui ce vol
est organisé.
Lutter
vraiment contre la politique de l’État qui aboutit à étrangler les finances
locales est juste et nécessaire. Mais les maires des petites communes qui se
battent pour défendre les intérêts de leur population n’ont pas là les
meilleurs défenseurs.
Paul GALOIS