L’Europe
capitaliste condamne à mort les migrants
Combien d’enfants, de femmes et
d’hommes sont morts noyés dimanche dans le naufrage de leur embarcation au
large de la Libye ? 700, 800, 900 aux dires de certains survivants ?
On ne le saura peut-être jamais, mais ce naufrage fait suite à d’autres tout
autant effroyables.
Quand
cette hécatombe cessera-t-elle ? Combien de Syriens, d’Érythréens, de
Soudanais ou de Somaliens devront encore mourir aux portes de l’Europe avant
que l’Union européenne daigne lever le petit doigt ?
Avec la
multiplication des passeurs sur les côtes libyennes et l’afflux de migrants ces
derniers mois, l’urgence de la situation était connue. Et qu’a fait l’Union
européenne ? Elle a refusé de participer au financement du dispositif de
sauvetage mis en place par l’Italie qui avait fait ses preuves en sauvant 150
000 vies.
En réduisant
le nombre et la portée des patrouilles, les dirigeants de l’UE ont fait le
choix de laisser mourir ceux qui tenteraient la traversée. C’est de la
non-assistance à personne en danger. Les dix-huit navires et les deux
hélicoptères, qui ont été envoyés sur les lieux du drame mais après le
naufrage, rajoutent à l’ignominie.
Après
avoir séché leurs larmes de crocodile, ces mêmes dirigeants s’entendront pour
durcir leur politique criminelle contre les migrants. Car s’ils veulent que
l’Europe « coopère », ce n’est pas pour sauver les migrants, c’est
pour les refouler !
Leur
problème immédiat est de trouver en Libye une personne qui puisse, comme
Kadhafi le faisait si bien, garder les côtes du pays. C’est dire que le sort de
ces femmes et de ces hommes ne les intéresse pas du tout.
Nombre de
candidats à l’immigration voudraient arriver par des voies sécurisées et
légales pour demander l’asile. Au lieu de cela, ils sont traqués comme des
parias et se retrouvent sous la dépendance de passeurs sans scrupules. Hollande
et les dirigeants européens peuvent dénoncer les passeurs, mais ce sont eux qui
exposent les migrants à des risques de plus en plus grands.
Près de 4
millions de Syriens ont fui leur pays, en guerre depuis 2011 ; l’an
dernier, la France n’en a accueilli que 3000, la grande majorité s’est réfugiée
en Turquie ou au Liban, c’est-à-dire dans les pays voisins comme c’est le cas
pour tous ceux qui sont chassés de leurs pays.
Parmi
eux, seule une petite fraction tente de rejoindre l’Europe développée, mais
cela suffit aux plus démagogues comme le Front national pour parler d’une
« bombe migratoire ». Agiter ce fantasme quand des enfants, des
femmes et des hommes meurent sous des bombes, bien réelles celles-là, est
révoltant.
Les
dirigeants européens s’échinent à tenir les peuples les plus pauvres à
distance. Mais le système qu’ils servent multiplie la misère, les guerres et
les persécutions.
Ils ont
toujours les mots « démocratie », « paix », et
« développement » à la bouche. Mais qu’ont-t-ils apporté à l’Afrique,
si ce n’est le pillage continu de ses richesses ? Alors que la France est
intervenue militairement des dizaines de fois en Afrique et au Moyen-Orient,
elle n’y a amené qu’une succession de dictatures et la dévastation.
Quant aux
dernières manœuvres guerrières des puissances impérialistes en Irak, en Syrie
ou en Libye, elles ont conduit au dépeçage des États par des milices surarmées.
Condamner
les peuples au dénuement extrême, les emprisonner dans leur situation d’exploités
fait partie de la guerre menée par la bourgeoisie contre les pauvres. La lutte
que les États riches mènent contre les migrants en est un aspect infâme.
Les
exploités d’ici n’ont pas à se protéger des plus pauvres, mais des plus riches,
c’est-à-dire des capitalistes. C’est leur pouvoir sur la société qui crée tant
d’inégalités et d’injustices.
Depuis
plus d’un siècle, les moyens de production sont largement suffisants pour
satisfaire les besoins de toute l’humanité sans que les peuples aient besoin de
s’entredéchirer pour disposer du nécessaire.
L’Europe
elle-même concentre de formidables richesses. Mais elles s’accumulent dans les
poches d’une minorité, sont gaspillées dans des caprices de riches ou dans la
spéculation et manquent cruellement pour satisfaire les besoins de la majorité.
Avec la
bourgeoisie parasitaire au pouvoir, ce système n’accordera jamais à tous le
droit de vivre dignement. Pour mettre fin à cette barbarie, les travailleurs
doivent arracher les moyens de production des mains de la minorité capitaliste
et en prendre eux-mêmes le contrôle.