dimanche 22 février 2015

police : un état d'esprit très largement majoritaire



Un petit fait-divers, mais si révélateur

Il est 22 heures vendredi vers Aulnay-sous-bois, du côté de l’embranchement de l’A86 et de l’A1. Notre ami d’Argenteuil aide un ami à effectuer sa livraison. Contrôle de police. Le véhicule sur le bas-côté. Les policiers ne demandent pas aux occupants de montrer leurs papiers, mais de sortir, mains en l’air. Un policier demande à notre ami : « De quelles nationalité êtes-vous ? » « De nationalité française ». « Vous êtes de nationalité française comme moi je suis noir ! » répond le policier. Notre ami est d’origine algérienne. Il sort sa carte d’identité. Le policier leur dit de partir. Plus rien à voir, mais beaucoup à penser.



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samedi 21 février 2015

Rino Della Negra, Manouchian, loin du nationalisme



La mémoire de Rino Della Negra et du « groupe Manouchian ».

Comme je le fais chaque année, je me rendrai demain dimanche 22 février à 11 heures à l’angle de la rue des Plantes et de Volembert, devant sa stèle,  à la cérémonie du souvenir de la mort du jeune ouvrier argenteuillais Rino Della Negra, fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944.
         Il faisait partie du réseau Manouchian que les nazis croyaient dénoncer en publiant une « Affiche rouge » qui, loin de cette intention machiavélique, magnifia bien au contraire ces militants de diverses origines, que la CGT et le PCF avaient réunis dans une de leur organisations, appelée M.O.I., Main d’œuvre Immigrée.
         Ces militants d’origine étrangère ou étrangers n’étaient guère prédisposés à accepter le tournant nationaliste de la politique du PCF. En tout cas, on n’en retrouve pas la trace dans les mots qu’ils ont laissés.
         Ce sont à ces militants internationalistes, loin de toute « récupération » des uns et des autres, que j’irai rendre modestement hommage. 



La dernière lettre de Missak Manouchian

Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
        Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.
     Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.
     Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.
                                                     Manouchian Michel.

Dans quinze jours, le banquet de Lutte Ouvrière à Argenteuil