En Grèce,
l’épreuve de force qui s’annonce est entre les travailleurs et la bourgeoisie
En votant pour Syriza,
l’électorat populaire grec a fait un geste fort. Après cinq années d’austérité
inouïe ponctuée de licenciements, de coupes dans les salaires, les retraites et
les services publics, il a eu le courage de refuser de nouveaux sacrifices.
Malgré le chantage des financiers et des dignitaires européens qui tiennent les
cordons de la bourse de leur pays, il a osé rejeter leur diktat. C’est un
encouragement pour tous ceux qui n’acceptent pas la situation bien au-delà de
la Grèce.
La Grèce
a été frappée par la crise et les cures d’austérité avec une brutalité
particulière. Mais quel pays n’a pas été touché d’une façon ou d’une
autre ? En France, des milliers de travailleurs s’enfoncent mois après
mois dans le chômage et la misère. Tour à tour, droite et gauche s’emploient à
défaire nos droits et à aggraver la précarité. Alors réclamer le droit à une
vie digne est aussi notre combat.
L’électorat
populaire grec a porté Tsipras au pouvoir. Sans attendre, celui-ci a annoncé
l’augmentation du Smic de 170 euros, un 13ème mois pour les pensions
inférieures à 700 €, la réembauche de milliers de fonctionnaires, l’arrêt des
privatisations et la distribution de bons d’alimentation.
De Paris
à Berlin en passant par Londres, cela lui a valu d’être traité d’irresponsable
et de provocateur par nombre de politiciens bourgeois. Il suffit qu’il y ait un
chef de gouvernement qui montre l’intention de réaliser ses promesses
électorales pour que son pays soit mis à l’index par les représentants de la
bourgeoisie. C’est dire leur mépris de la démocratie !
Cela a le
mérite d’être clair : ces messieurs-dames ne feront pas de cadeau à la
Grèce. Et tous de dire et de répéter qu’il est hors de question d’annuler la
dette.
Au moment
où la Banque centrale européenne s’apprête à mettre 1000
milliards à la disposition des banquiers, alléger les 300 milliards de la dette
grecque ne serait pas la mer à boire. Mais c’est une question de principe. Pour
ces représentants de la bourgeoisie, il faut que les pauvres et les
travailleurs le sachent : « une dette, ça se paye » ! Et
ils ne cèderont pas à la pression populaire !
Quant à
la bourgeoisie grecque, grande ou moyenne, qui n’a pas l’habitude de payer des
impôts et n’aime pas rendre de comptes, elle s’oppose déjà de toutes ses forces
au gouvernement. Elle a commencé sa pression en retirant 14 milliards des
guichets des banques grecques. Autant dire qu’elle n’acceptera pas sans rien
faire d’augmenter le Smic et de payer des impôts.
Que les
électeurs de Syriza en soient conscients ou pas, leur vote a, de fait, engagé
une épreuve de force. Oh, les mesures de Tsipras ne sont pas révolutionnaires
et elles ne suffiront pas à sortir la Grèce du chômage et de la misère !
Syriza et les dirigeants européens peuvent d’ailleurs en rabattre et négocier
de telle façon que chacun sauve la face sur le dos des classes populaires
grecques.
Mais le
peu que Tsipras a promis aux plus démunis devra être pris sur la bourgeoisie et
fera l’objet d’un bras de fer entre, d’un côté, les classes populaires et, de
l’autre, la classe capitaliste. Cela ne dépend pas seulement de la
détermination d’un homme ou d’un gouvernement, ni même de sa force de
conviction.
La seule
garantie que le Smic et les pensions augmentent et qu’il y ait les embauches
promises dans la fonction publique, réside dans la mobilisation des
travailleurs et dans leur organisation. Le plus dur reste donc à faire pour les
travailleurs grecs et ils doivent pouvoir compter sur notre solidarité.
Cette
solidarité commence par rejeter les laquais de la bourgeoisie qui veulent nous
opposer aux Grecs en nous expliquant que, s’ils ne payent pas leur dette, cela
coûtera 600 € par Français. La population grecque n’est pas plus redevable de
la dette grecque que nous ne le sommes de la dette française.
Toutes
ces dettes ont servi à sauver les banquiers, à commencer par les actionnaires
du Crédit agricole et de la BNP et à faire des cadeaux au grand patronat.
Alors, qu’ils s’en débrouillent entre eux !
Au-delà
de la solidarité avec les travailleurs grecs, il faut rejeter la politique
anti-ouvrière de notre gouvernement. Ici aussi, il faut dire que l’emploi, les
salaires, les retraites, la vie des travailleurs, c’est ce que nous avons de
plus cher. Ici aussi, il faut dire que les banquiers pourront bien attendre
pour être payés !