Dénoncer les attaques concertées du patronat et du
gouvernement pour les combattre
Après avoir brandi la menace de la nationalisation
de Florange, le gouvernement a fini par s’aplatir face au roi de l’acier. Il ne
pouvait y avoir de capitulation plus honteuse. Mais le gouvernement n’avait pas
encore bu le calice jusqu’à la lie ! Alors qu’Ayrault s’est échiné tout au
long de la semaine à faire passer la pilule, le PDG d’ArcelorMittal lui a
infligé un camouflet en annonçant qu’il renonçait à porter le dossier Ulcos
devant l’Union européenne. Un communiqué de Mittal aura suffi à mettre par
terre toutes les belles paroles du gouvernement sur l’avenir de la sidérurgie à
Florange !
Le
gouvernement est prêt à tout avaler de la part du grand patronat, il est prêt à
mentir pour justifier ses attaques. Car il n’y a rien dans l’accord avec
Mittal. Le sauvetage des emplois est un mensonge : si les travailleurs des
hauts fourneaux sont mis en retraite ou reclassés, les 629 emplois
disparaissent bel et bien, et avec eux les emplois de centaines d’intérimaires
et de sous-traitants.
Quant à
l’engagement de Mittal « d’investir » 180 millions sur cinq ans,
c’est de l’enfumage. Sur ces 180 millions, seuls 53 millions seront utilisés
pour l’investissement, le reste devant servir à la maintenance. Mittal ne s’est
donc engagé à « investir » que 10 millions par an, et quand on sait
qu’il touchera au moins 10 millions chaque année grâce au crédit d’impôt
compétitivité, il ne sortira pas un centime sa poche. Dans cet accord, ce n’est
pas Mittal qui s’est engagé à investir, c’est l’État !
Preuve,
s’il en fallait encore, que tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou
de gauche, sont vendus corps et âme à la bourgeoisie, et pas seulement à Mittal
mais aussi à Peugeot, Arnault, Michelin, Bettencourt… Et c’est sans état d’âme
que le gouvernement renie les promesses du candidat Hollande pour plaire à ces
messieurs-dames les capitalistes.
Depuis
la rentrée, le gouvernement a mis sur pied un cycle de négociations entre
patronat et syndicats qui devrait se conclure à la fin du mois. Cela fait donc
trois mois que les dirigeants syndicaux enchaînent réunion sur réunion avec le
patronat alors que tout ce que cherche le gouvernement, c’est de faire
cautionner sa politique anti-ouvrière par les chefs syndicaux. Le gouvernement
prétend être l’arbitre entre les travailleurs et le patronat, et il leur
demande de « négocier », de « signer un compromis
historique » mais ce n’est qu’hypocrisie et jeu de dupes.
On l’a
vu avec l’accord passé avec Mittal : pour le gouvernement, un « bon
accord » est un accord qui convient d’abord et avant tout au patronat et
qui préserve ses intérêts, quitte à s’asseoir sur les revendications ouvrières.
C’est le type d’accord qui satisferait le patronat et le gouvernement, mais les
travailleurs n’ont rien à y gagner.
Qu’y
a-t-il à négocier avec le patronat ? Dans cette période de crise, les
travailleurs sont bien placés pour savoir que le patronat ne fera pas de
cadeaux. Dans toutes les entreprises, les patrons cherchent à revenir en
arrière sur les jours de repos, sur les primes, sur les horaires. Partout il
s’agit de faire travailler plus les salariés en les payant moins.
Chez
Peugeot, c’est la suppression de 8 000 emplois et la fermeture de l’usine
d’Aulnay-sous-Bois. Chez Renault, c’est un projet de mobilité forcée qui
obligerait un ouvrier à faire jusqu’à 100 ou 150 km par jour,
aller-retour, pour rejoindre l’usine où il y aurait besoin de bras. Chez
Toyota, c’est la baisse, voire la suppression de la prime d’intéressement.
Tout ce
que le patronat veut « négocier », c’est encore plus de flexibilité,
encore plus de précarité, moins de droits pour les travailleurs. Ces
négociations, si elles débouchaient, ne pourraient se conclure que sur une
régression historique. Dans ces conditions, signer un accord avec le patronat
serait une véritable trahison.
Le
gouvernement incite les organisations syndicales à négocier avec le patronat le
poids des chaînes auxquelles les travailleurs sont attachés, en sachant que les
syndicats n’obtiendront même pas que les chaînes soient plus légères !
Il n’y a
aucune raison pour les travailleurs d’entrer dans ce jeu là. Car s’il est difficile
de trouver le chemin des luttes massives pour contrer les attaques concertées
du patronat et du gouvernement, on peut et l’on doit les dénoncer dès
aujourd’hui, pour préparer les indispensables luttes de demain.