mardi 28 juin 2022

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 27 juin 2022

 À la recherche d’un accord… pour faire payer les travailleurs

 

27/06/2022

Macron est à la recherche de 44 députés pour s’assurer une majorité absolue à l’Assemblée. Les débauchages individuels sont en cours et les téléphones chauffent pour explorer les possibilités d’élargir la majorité.

Finira-t-il par trouver son compte ? Est-ce que cela lui assurera une majorité pour cinq ans ? Sera-t-il contraint de se contorsionner en utilisant les mille et une subtilités offertes par les institutions pour gouverner par décrets, ordonnances et à coups de 49-3 ? L’avenir nous le dira.

Pour l’heure, Macron en profite pour se faire l’avocat du dialogue et du compromis. C’est fort de café pour un président jupitérien qui a gouverné en solitaire et contre les classes populaires. Mais cela ne l’empêche pas d’en faire des tonnes sur le sujet, et les médias suivent.

Toute la semaine, les porte-paroles de l’opposition ont été sommés de se positionner : allaient-ils s’obstiner dans une opposition frontale ? Allaient-ils être constructifs ou bloquer le pays ? En un mot, allaient-ils être responsables ou irresponsables ?

Cette dramatisation politicienne est de la pure comédie. Une seule chose fait hésiter les politiciens, à droite comme à gauche : leurs plans de carrière. Apporter son soutien à Macron, c’est gouverner tout de suite, mais courir le risque de se discréditer à long terme. Lui refuser son soutien, c’est se condamner à l’opposition sans assurance d’être, un jour, en situation de prendre les rênes.

Ces petits calculs mettent Macron en difficulté. Mais la grande bourgeoisie peut se rassurer : ses intérêts sont saufs, car tous les partis qui ont envoyé des députés à l’Assemblée nationale, du RN à LFI, sont des partis responsables du point de vue de l’ordre social. 

Au sein de la Nupes, Roussel du PCF et Jadot d’EELV se sont distingués par leur ouverture vis-à-vis de Macron. Mais de façon générale, tous les députés, ceux de La France insoumise compris, ont tenu à se montrer responsables, « soucieux des intérêts de la France ». Et c’est la même chose pour Le Pen et le RN.

Entre politiciens qui n’imaginent pas d’autre société que celle que nous connaissons, fondée sur la propriété privée capitaliste, les lois du profit et la concurrence, oui, tous les compromis sont possibles. C’est ce qui explique que, dans nombre de pays, la gauche gouverne avec la droite, et même parfois avec l’extrême droite, et vice versa.

En fait, tous les politiciens qui prétendent gouverner nous servent la même sauce : les « intérêts du pays ». Ils entretiennent le mensonge de l’existence d’une politique juste et équilibrée dans l’intérêt de tous. Ils masquent le problème fondamental de notre société : le diktat de la classe capitaliste et sa guerre de classe.

Car la bourgeoisie à la tête des grands groupes capitalistes n’est pas à la recherche du bien commun ! Ceux qui spéculent sur les cours du pétrole ou du blé n’ont que faire de l’intérêt collectif. Malgré la flambée des prix, le grand patronat qui refuse d’augmenter les salaires se moque bien d’appauvrir ses salariés et avec eux les catégories sociales, petits commerçants et paysans qui dépendent du niveau de vie des classes populaires.

La crise sanitaire l’a montré : la remise sur pied des hôpitaux devrait être l’urgence des urgences. Eh bien, la bourgeoisie force le gouvernement à poursuivre ses restrictions, car elle refuse de délier les cordons de la bourse ! Au contraire, elle réclame de nouveaux cadeaux fiscaux et exige que le gouvernement prenne dans la poche des travailleurs, en reculant l’âge de la retraite, par exemple.

Autant dire que ce n’est pas la bourgeoisie qui paiera pour les dépenses d’armement supplémentaires prévues par Macron ! Ce n’est pas elle qui paiera pour la dette de l’État, qui a explosé, et qui pèse de plus en plus lourd avec la hausse des taux d’intérêts !

La classe capitaliste n’accepte pas d’autre politique de la part de ceux qui gouvernent que celle lui assurant ses profits. Elle se bat pour faire toujours plus d’argent, contre les intérêts des travailleurs et bien souvent contre les intérêts de toute la société.

Si la planète et le climat sont aujourd'hui dans l’état que l’on sait, c’est précisément le fruit de cette rapacité capitaliste. Celle-ci est d'autant plus féroce que les conséquences économiques de la guerre en Ukraine aggravent la crise.

La classe capitaliste mène sa guerre de classe. Les politiciens qui ne sont pas décidés à l’affronter ne sont pas dans le camp des travailleurs. Entre les exploités et les exploiteurs, il n’y a que des intérêts irréconciliables. À nous d'être conscients que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Si nous sommes décidés à défendre notre peau, collectivement, nous en avons la force.

                                                                                     Nathalie Arthaud

 

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Les prochaines permanences prévues.

-aujourd’hui mardi 21 juin, de 18 h.30 à 19 h. devant Monoprix.

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