Chômage :
l’indemnisation mise en cause
30 Octobre 2019
Le 1er novembre entre
en application la première tranche de modification de l’indemnisation des
salariés privés d’emploi. Il s’agit d’une attaque frontale contre tous les
chômeurs, à travers la réforme des règles en place depuis 2009.
Les masques sont tombés, le
prétendu dialogue social ou la fameuse politique contractuelle ont été balayés.
Depuis des années, le patronat et les syndicats, à travers l’Unedic, sont
censés gérer paritairement l’indemnisation des chômeurs alimentée par les
cotisations salariales et patronales. Cela passait par le renouvellement d’un
accord national entre les confédérations syndicales et le Medef. Le
gouvernement y a maintenant mis fin et a fixé les règles par un simple décret,
non soumis à discussion, le 26 juillet dernier. C’est la conclusion d’une
reprise en main commencée il y a quelques années avec la fusion des Assedic
(chargées de l’indemnisation) et de l’ANPE (chargée de l’emploi), qui a permis
aux gouvernements, quelle que soit leur étiquette, de remettre la main sur
l’indemnisation des chômeurs.
Le 1er novembre, les nouvelles
conditions d’ouverture des droits à indemnisation entrent en vigueur, ainsi que
le nouveau montant de l’indemnisation des chômeurs les mieux payés. Le 1er
avril, ce sera le tour du calcul du montant des allocations en général. Mais le
tout sera catastrophique pour l’ensemble des chômeurs.
Tout d’abord, la période de
référence ouvrant droit à une indemnisation est modifiée. Jusque-là il fallait
avoir travaillé quatre mois sur les 28 derniers ; dorénavant, ce sera six
mois sur les 24 derniers. De plus, jusqu’à présent, au bout d’un mois de
travail, le salarié pouvait « recharger » ses droits à raison d’un
mois par mois travaillé supplémentaire ; dorénavant, il lui faudra avoir
travaillé six mois sans interruption pour commencer à recharger ses droits à
indemnisation.
Les salariés les plus fragiles,
ceux qui galèrent de CDD en intérim avec des embauches de très petite durée,
vont prendre de plein fouet les conséquences de ces mesures. Des centaines de
milliers d’entre eux vont se retrouver sans droit à indemnisation. Ils auront
au mieux droit au RSA, et même pas à l’ASS, ce qui, du coup, ne comptera pas
dans le calcul de leur retraite.
Il s’agit d’une réforme indigne,
qui s’en prend aux plus démunis, et que le gouvernement a eu le culot de
vouloir justifier en déclarant que, « depuis deux ans, le chômage
recule régulièrement ». C’est un mensonge, et qui de toute façon ne
justifie pas de supprimer le droit à indemnisation de centaines de milliers de
chômeurs qui s’acharnent à accepter les boulots temporaires mal payés que le
patronat leur propose.
Malgré la prétendue baisse du
chômage, on compte encore 6 530 700 chômeurs inscrits à Pôle emploi,
toutes catégories confondues, DOM-TOM inclus. Il y a eu tout au plus une petite
baisse du nombre de chômeurs inscrits en catégorie A (n’ayant aucune activité),
soit -0,4 % au deuxième trimestre 2019.
La deuxième partie du décret, qui
entrera en vigueur au 1er avril, va contribuer à baisser l’indemnisation de
tous les chômeurs. Pour calculer le salaire de référence qui servira à donner
57 % de ce salaire brut au titre d’indemnité de retour à l’emploi, seuls
les jours effectivement travaillés sur un an seront pris en compte. Les
périodes de chômage partiel, de maladie professionnelle ou d’accident du
travail, les congés maternité ou les simples maladies, voire tous les congés,
ne seront plus pris en compte. Cela fera diminuer le salaire de référence et
donc l’indemnisation des chômeurs.
Cette politique crapuleuse n’est
pas qu’une attaque contre les chômeurs : c’est une attaque contre tous les
travailleurs. La lutte contre ces mesures révoltantes doit faire partie du
combat pour faire ravaler au gouvernement et au patronat leurs attaques
antiouvrières.
Paul SOREL (Lutte ouvrière n°2674)
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