Un argent à milliards
Il
y a trois semaines, notre hebdomadaire consacrait à Bernard Arnault l’article
ci-dessous. Totalement juste sur le fond, il est obsolète dans le
« détail ». Aujourd’hui, trois semaines plus tard, la fortune du
seigneur de la planète en question est estimée à 107,6 milliards, 96 milliards
d’euros ! Il gagnerait une place au grand Tour des exploiteurs, juste
derrière le PDG d’Amazon, malgré le divorce de ce dernier.
Il est temps de changer le monde !
Exploitation
: Arnault, médaille de bronze
26 Juin 2019
Mardi 18 juin, l’agence de presse
Bloomberg a annoncé que la fortune de Bernard Arnault avait franchi les 100
milliards de dollars (89 milliards d’euros).
Ce patron du groupe de luxe LVMH,
propriétaire de médias comme Le Parisien et actionnaire de Carrefour,
devient par la même occasion le troisième homme le plus riche du monde derrière
le fondateur de Microsoft, Bill Gates, et le patron d’Amazon, Jeff Bezos.
L’augmentation de la fortune
d’Arnault est hallucinante. Depuis janvier 2019, elle s’est accrue de 30
milliards d’euros, soit le coût de la construction de 80 hôpitaux ou de près de
900 000 emplois payés à 1 800 euros net, cotisations acquittées. Cela
s’explique par la hausse de 40 % du cours de l’action LVMH et par
l’augmentation de 20 % des profits du groupe. Autrement dit, par la
spéculation. D’ailleurs cette folie spéculative est telle, dans le monde
capitaliste que ce même Arnault a pu gagner 2,8 milliards de dollars en une
seule journée. C’est plus de 70 fois le salaire annuel du footballeur Neymar,
déjà pas ridicule.
Mais l’ensemble de la fortune
d’Arnault provient avant tout de l’exploitation des travailleurs, et notamment
de ceux de LVMH et de Carrefour, qui vient d’ailleurs d’annoncer 3 000
suppressions de postes. Si Arnault est devenu le plus riche des bourgeois
français en héritant d’une importante et prospère entreprise du bâtiment, ce
polytechnicien doit surtout son ascension à un énorme coup de pouce de l’État.
En 1984, le gouvernement de gauche lui a permis de racheter pour une bouchée de
pain le groupe Boussac, un empire du textile en faillite. L’État lui a alors
accordé de grosses subventions publiques et des prêts à des taux avantageux, en
échange de quoi il ne devait ni licencier ni démanteler le groupe. Une fois
l’accord passé, Arnault s’est bien sûr empressé de tailler dans les effectifs,
de fermer des usines et de vendre ce qui ne lui rapportait pas assez, pour ne
garder que deux pépites, Dior et le Bon marché, qui lui ont permis d’engranger
d’énormes profits et de constituer un immense groupe basé sur le luxe.
Malgré cela, Arnault n’a jamais
caché que ses amitiés politiques vont plutôt à droite. Il a été témoin du
mariage de Sarkozy en 1996 et a fêté avec lui au Fouquet’s sa victoire à la
présidentielle de 2007. Avec le président actuel, les relations sont si bonnes
qu’en 2018 il a été l’un des deux grands patrons français à être invité par
Macron à un dîner à la Maison-Blanche organisé par Trump. Les liens de LVMH
avec l’État sont d’ailleurs si étroits que son conseil d’administration est
truffé d’anciens hauts fonctionnaires. Enfin, cerise sur le gâteau, LVMH s’est
attaché les services de Bernard Squarcini, ex-directeur des services secrets
intérieurs et spécialiste des coups les plus tordus, dont le grand patronat ne
peut se passer pour faire prospérer ses affaires !
L’enrichissement des capitalistes
comme Arnault est bien plus révoltant que celui des joueurs de foot. Et pas
seulement parce que leurs fortunes sont bien plus énormes, mais surtout parce
qu’ils possèdent les banques et les grandes entreprises qui leur permettent
d’imposer leur dictature à toute la société, d’avoir l’État à leurs pieds et de
voler les richesses créées par la collectivité, quitte à ruiner l’humanité
entière.
Arnaud
LOUVET (Lutte ouvrière n°2656)
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