Inondations
: catastrophes naturelles, irresponsabilité gouvernementale
Les inondations qui ont dévasté
le département de l’Aude le 14 octobre ont fait au moins treize morts et de
nombreux dégâts matériels. Comme à chaque fois, on a vu un Premier ministre se
déplacer pour dispenser sur place quelques mots de soutien.
Ces pluies diluviennes sont
habituelles dans cette zone et constituent ce que les météorologues appellent
un « épisode cévenol ». À chaque fois, le bilan est lourd, du fait de
la vitesse à laquelle l’eau monte, prenant au piège les habitants dans leurs
logements. Les inondations de 1999 avaient fait 26 morts dans le département.
Et les spécialistes s’attendent à ce que la fréquence et l’intensité de ces
pluies torrentielles s’accentuent à cause de l’élévation de la température
moyenne de la Méditerranée.
Face à ces drames à répétition,
Édouard Philippe a tout juste été capable de venir apporter aux sinistrés la
nouvelle que l’État allait accélérer la reconnaissance d’une catastrophe
naturelle, ce qui ouvre la voie aux indemnisations. Les compagnies d’assurance
en feront ce qu’elles veulent une fois l’émotion passée. Mais au-delà, rien n’est
prévu qui puisse réellement limiter les effets de tels épisodes qui vont
inévitablement se reproduire.
De son côté, le porte-parole du
ministère de l’Intérieur s’en est pris à Météo France en pointant des
insuffisances dans son système d’alerte. Mais pour que l’alerte maximum puisse
être donnée le plus tôt possible encore faudrait-il que les services ne soient
pas surpris par la quantité d’eau qui va tomber. Comme l’indiquait le directeur
du service départemental d’incendie et de secours de l’Aude : « Plus
les prévisions météorologiques seront fines, plus nous arriverons à anticiper.
Nous avons eu une indication selon laquelle il devait tomber 80 à 100 mm et il
en est tombé trois fois plus. » Cela est en partie au moins une
question de moyens, or l’effectif de l’agence est passé de 3 700 personnes à
moins de 3 000 fin 2017 et 500 nouvelles suppressions d’emplois sont prévues
d’ici 2022.
Dans tous les domaines, par souci
d’économies budgétaires, le gouvernement diminue les moyens qui pourraient
servir à réduire les conséquences de tels événements climatiques. Depuis le
début de l’année, la prévention des inondations, la construction de digues par
exemple, a été transférée de l’État aux intercommunalités, sans leur en donner
les moyens financiers. À charge pour elles de prélever une nouvelle taxe. Le
fait que cette mesure ait été votée sous François Hollande prouve seulement
qu’en matière d’irresponsabilité les gouvernements se suivent et se
ressemblent.
Les spécialistes des risques
naturels ont depuis longtemps proposé toute une panoplie de mesures de
prévention : l’application stricte de l’interdiction de construire en zone
inondable, la limitation du goudronnage des sols à la seule fin de construire
d’immenses parkings, l’introduction de méthodes de culture permettant à l’eau
d’être absorbée avant de se transformer en torrent dévastateur. Mais aucune n’a
jamais été mise en œuvre, ni même sérieusement étudiée par ceux qui nous
gouvernent.
La politique des gouvernements se
résume souvent à la formule : « Après moi le déluge. » Il n’y a
même plus besoin d’attendre.
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