Manifestations
de policiers : société violente
Les manifestations de policiers,
qui continuent malgré les mises en garde de leur hiérarchie, semblent être le
fait de fonctionnaires de base, ceux qui patrouillent dans les gares, dans les
quartiers populaires, ceux qui sont appelés quand ça dérape entre voisins, ceux
qui accueillent le public dans les commissariats. Le facteur déclenchant en a
été l’agression au cocktail Molotov d’une voiture de police, en banlieue parisienne,
après laquelle un policier est toujours entre la vie et la mort. Mais le
malaise est bien plus profond et on ne peut évidemment qu’être choqué des
agressions gratuites répétées à l’encontre des policiers.
Ils sont en première ligne pour
constater la dégradation sociale et, au sens propre comme au sens figuré, la
prendre en pleine figure. De par leur profession, ils ne voient que le pire de
ce que cette société d’inégalité et d’injustice engendre parmi les opprimés :
l’individualisme exacerbé, la débrouille, la violence à l’encontre des faibles
et, évidemment, la délinquance, la petite et la grande. Loin de pouvoir se
raccrocher aux actes de solidarité et de conscience collective, l’État leur
commande de les combattre. Leur hiérarchie les dépêche contre des locataires
s’opposant à une expulsion ou des parents d’élèves à une fermeture de classe et
contre les travailleurs en grève et les manifestations ouvrières. Bien rares et
courageux doivent être dans ces conditions ceux qui, entrés dans la police par
nécessité, par hasard ou par vocation, ne deviennent pas en quelques années
sensibles aux préjugés réactionnaires, sécuritaires, racistes.
La classe dirigeante, celle qui
peuple les quartiers riches, les conseils d’administration et les ministères,
s’intéresse aussi peu à la vie des quartiers populaires qu’à celle de leurs
forces de répression sur le terrain. Les possédants ont besoin d’une police
pour protéger leurs biens et leur ordre social, cette police largement utilisée
par exemple lors du mouvement contre la loi El Khomri. Que leur importe si la
délinquance existe dans les quartiers populaires et si la vie y devient
difficile, y compris pour les policiers.
C’est pourtant là qu’est la
question. La dégradation de la situation que dénoncent les policiers est celle
subie dans toutes les cités, dans tous les quartiers. C’est pourquoi la
solution n’est pas, comme le réclament à cor et à cris les politiciens du PS au
FN, plus de répression, plus de droits pour les policiers. L’espoir, aussi
lointain puisse-t-il paraître aujourd’hui, réside dans plus de conscience, plus
d’organisation, plus de solidarité, plus dans confiance dans la classe ouvrière
et le combat pour changer le monde.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2016)
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