Ayrault, et la «
remise à plat de la fiscalité », du bla-bla pour couvrir une politique
« Quelle énorme surprise ! », ont
annoncé des journalistes complaisants ; Jean-Marc Ayrault a annoncé dans une
interview au journal économique Les Échos que « le temps était venu d'une
remise à plat de notre fiscalité », et d'ajouter qu'il allait recevoir
prochainement les partenaires sociaux (c'est-à-dire syndicats et patronat) pour
engager un débat global sur la fiscalité et les dépenses publiques. Seulement
sur l'essentiel, sur l'utilisation des impôts pour le plus grand profit du
capital, il n'y aura pas de débat.
Ayrault a d'ailleurs défini les limites
de cette « concertation » : à son terme, « le gouvernement prendra ses
responsabilités comme il l'a fait pour les retraites ». Alors, ne serait-ce
qu'avec cette mise au point, les secrétaires des deux confédérations, Lepaon
pour la CGT et Mailly pour FO, qui appellent tous les deux à manifester
prochainement contre le projet scélérat sur les retraites, devraient claquer la
porte et renvoyer le Premier ministre à ses manoeuvres. Mais Mailly s'est dit
disponible, quant à Lepaon, on peut parier par avance qu'il ne fera pas la
politique de la chaise vide. Inutile de parler de la direction de la CFDT qui a
toujours le stylo à la main.
Au-delà des platitudes sur l'intérêt
général et le devoir civique de l'impôt, Ayrault a tenu à bien rappeler ses
choix qui, eux, ne sont pas soumis à débat. Parlant du crédit d'impôt
compétitivité et emploi (CICE), il a déclaré : « À l'époque tout le monde avait
salué cette mesure visant à alléger le coût du travail de 20 milliards
d'euros. Toutes les entreprises, même petites, vont en profiter. Et comme la
hausse de la TVA ne finance qu'un tiers du CICE, les entreprises seront
largement bénéficiaires. Revenir sur la hausse de la TVA pour certains
secteurs, ce serait revenir sur la baisse du coût du travail ». Et d'ajouter :
« Il n'en est pas question. Nous n'allons pas détruire ce que nous sommes en
train de construire ». L'amélioration de la compétitivité des entreprises est
un terme élégant pour habiller les milliards distribués au patronat et aux
actionnaires, et l'appui qui leur est donné pour accroître l'exploitation de
leurs salariés et les profits qu'ils peuvent en tirer. Ayrault annonce donc
d'emblée, qu'il n'est pas question de discuter de l'essentiel.
En parlant d'une « remise à plat » de la
fiscalité, Ayrault n'en sait pas moins très bien de quoi il parle. Il s'agit de
jeter un os à ronger aux partis et, en particulier, aux dirigeants syndicaux
qui seront ravis de participer à ces discussions et feront semblant de croire
qu'il pourrait en sortir une justice fiscale élaborée grâce à leurs
propositions.
Mais la seule justice fiscale véritable
serait de supprimer l'impôt sur le revenu et toutes les taxes qui frappent les
travailleurs et de prendre sur les profits des capitalistes pour financer un
État qui les sert si bien. Ce n'est évidemment pas ce que fera Ayrault. Mais
les directions syndicales pourraient au moins le dire et faire ce qui devrait
être leur vocation : organiser les travailleurs pour la lutte contre les
capitalistes et le gouvernement à leur service.
Paul SOREL
TVA - Les classes
populaires rackettées par l'État
La TVA est un impôt que chaque salarié,
chaque chômeur, chaque retraité paie systématiquement sur toutes ses dépenses
de consommation, pour manger, se déplacer, se cultiver ou se divertir. Pour un
grand nombre de produits ou de services achetés, le taux normal de 19,6 %
s'applique, quel que soit le revenu de l'acheteur. Seuls certains produits
bénéficient d'un taux réduit : 2,1 % pour les médicaments remboursés par la
Sécurité sociale et pour les journaux ; 5,5 % pour les produits alimentaires
considérés comme de première nécessité (le champagne et le caviar en sont
exclus !), le gaz et l'électricité, les cantines scolaires, les livres ; 7 %
pour les transports en commun.
Les ménages les plus pauvres utilisent
chaque mois tous leurs revenus ou presque en dépenses de consommation. Par
conséquent, la part de ces revenus ponctionnée par l'État au titre de la TVA
est bien plus grande pour eux que pour des ménages aisés. Dans le cas d'un
couple avec deux enfants gagnant 36 000 euros net annuels (soit deux salaires
de 1 500 euros), la TVA ampute 13 % des revenus, alors qu'elle ne dépasse
pas 6,30 % pour un couple avec deux enfants gagnant 100 000 euros net par
an. Plus généralement, les dépenses fiscales totales d'un ménage à petits
revenus sont proportionnellement bien plus importantes que celles d'un ménage
aisé : 24 % du budget contre 17 % dans l'exemple précédent.
On entend souvent dire qu'un Français
sur deux ne paie pas d'impôt. C'est un grossier mensonge ! Plus de la moitié
des recettes de l'État résultent de la TVA et de la taxe sur les produits
pétroliers (TIPP), et pour cela, il rackette toute la population. Il envisage
d'augmenter encore la TVA à partir de janvier 2014. Mais plus généralement, ce
sont tous ces impôts indirects, TVA et TIPP, que les couches populaires n'ont
aucune raison de payer.
Valérie FONTAINE
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