Le Front de gauche et le traité européen : une
diversion
Le
Front de gauche de Mélenchon et le Parti communiste français, qui en est la
principale force militante, font de la campagne pour un référendum sur le
traité budgétaire européen l'axe principal de leur rentrée politique. Ils ont
d'ores et déjà programmé une manifestation sur ce sujet pour le
30 septembre. Dans nombre de réunions de rentrée des organisations de la CGT , cette manifestation est
discutée, en concurrence ou non avec celle de la confédération prévue le
9 octobre sur l'emploi.
Le traité européen, signé par Sarkozy et
Merkel au début de l'année et proposé désormais à la ratification des
Parlements des différents pays, contient en effet l'obligation de mener des
politiques d'austérité. Mais ce n'est qu'une confirmation, à l'échelle
européenne, de ce qui est en route depuis longtemps. Les différents
gouvernements n'ont pas attendu la signature de ce nouveau document pour s'en
prendre violemment aux populations, de l'Irlande à la Grèce et du Portugal à la France.
L'austérité « promise » par le futur
traité budgétaire européen existe déjà et a conduit les travailleurs grecs à la
misère, a réduit les travailleurs espagnols, portugais, italiens à la portion
congrue, s'est traduite par des coupes dans les budgets sociaux et les services
publics de tous les pays du continent. Cette austérité, cette politique
continûment appliquée par tous les gouvernements dans tous les pays, ne dépend
pas des papiers que signent ou ne signent pas les politiciens européens, pas
plus que des votes des électeurs des différents pays.
Rappelons qu'en 2005 le traité
constitutionnel européen, réputé « graver l'austérité dans le marbre » fut
rejeté par les électeurs en France lors d'un référendum et dans d'autres pays.
L'austérité n'en a pas moins continué. Elle s'est même amplifiée suite à la
crise financière de 2008.
Alors plutôt que d'aller demander un hypothétique
référendum dont le résultat tout aussi hypothétique serait bien incapable de
faire reculer le gouvernement et le patronat, l'urgent est d'agir aujourd'hui
pour organiser la riposte ouvrière.
En cette rentrée, l'attaque patronale
prend la forme d'une vague de licenciements dans les grandes entreprises. Le
gouvernement Ayrault, comme on pouvait s'y attendre et malgré les déclarations
de campagne de certains de ses membres, laisse les mains entièrement libres au
grand patronat et continue d'appliquer la politique d'austérité déjà engagée
sous Sarkozy. C'est à cela qu'il faut répondre et c'est sur ce terrain que tous
les militants attachés à la défense des travailleurs devraient se mobiliser
face à ce gouvernement dit de gauche, comme auparavant face à un gouvernement
de droite.
Dans ce contexte, cette campagne pour un
référendum n'est pas seulement inutile, c'est une diversion. De la part d'un
Mélenchon ce n'est pas un hasard : engager la bataille contre des moulins à
vent est une manière de jouer les grands combattants sans menacer personne.
Paul GALOIS
De quoi alimenter le
débat lors de notre réunion publique du 21 septembre avec les militants qui se
posent sérieusement la question du sort du monde du travail.
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