Allemagne :
la montée de l’extrême droite
Avec
28,6 % des voix, le bloc CDU-CSU, dirigé par le très droitier millionnaire
Friedrich Merz, arrive en tête des élections en Allemagne. Il conduira donc la
prochaine coalition gouvernementale, même si ce résultat, en deçà de 30 %, est
presque le plus mauvais de son histoire.
Publié le 26/02/2025
Le résultat est surtout une
sanction infligée par les électeurs à la coalition SPD-Verts-libéraux, qui en
trois ans de recul des conditions de vie, ont réussi à se faire largement
détester. Le SPD, dirigé par l’ancien chancelier Olaf Scholz, s’est ainsi
effondré à 16,4 %, le score le plus bas de son histoire.
Le plus marquant dans ce scrutin
est la forte montée de l’extrême droite : l’AfD prend la deuxième place à
l’échelle nationale. Surtout, elle passe à 20,8 % et en trois ans seulement,
elle double son score. La participation électorale ayant été très forte (+ 6
%), l’AfD fait même plus que doubler en nombre d’électeurs, puisque c’est sur
ses candidats que beaucoup de nouveaux suffrages se sont portés.
Dans un contexte où l’AfD ne
cesse de se droitiser, ne reculant plus devant les clins d’œil au nazisme, sa
montée a de quoi inquiéter. Elle est encore plus forte à l’Est, dans l’ancienne
RDA, qu’à l’Ouest. Elle y totalise autour de 30 %, et à l’exception de quelques
villes dont Berlin, elle arrive en tête dans la quasi-totalité des
circonscriptions.
Parmi les raisons de sa
progression, on trouve la rage contre la politique des sociaux-démocrates et
des Verts au gouvernement, rendus responsables de la forte dégradation
économique depuis trois ans et le début de la guerre en Ukraine. À l’automne
2024, les annonces de licenciements massifs se sont multipliées chez les géants
de l’automobile, de la chimie et de la sidérurgie, suivies par des cascades de
fermetures d’entreprises et de suppressions d’emplois chez les sous-traitants.
La pauvreté s’étend de façon visible, et l’inquiétude monte.
Pendant la campagne électorale,
tous les partis gouvernementaux se sont lancés dans une surenchère contre les
migrants. Il s’agissait à la fois de s’aligner sur l’AfD pour tenter de lui
ôter des voix, et d’une opération de diversion par rapport à toutes les
difficultés quotidiennes de la population travailleuse. Tandis qu’une série
d’attentats venait plomber encore plus l’ambiance, ils n’ont pas hésité à y
aller de leurs amalgames entre criminalité et immigration. Et puis, c’est
l’administration Trump qui s’en est mêlée, apportant un appui marqué à la
cheffe de l’AfD, Alice Weidel, le vice-président J.D. Vance et Elon Musk ayant
renouvelé leurs appels à voter AfD.
Cependant, de l’autre côté du
spectre politique, le parti de la gauche dite radicale, Die Linke, a fortement
progressé, passant de moins de 5 % des voix à 8,8 % cette fois. C’est d’autant
plus marquant que d’aucuns voyaient Die Linke comme moribonde suite à la
scission, en 2024, d’une fraction partie avec Sahra Wagenknecht pour former le
BSW, parti de gauche anti-migrants reprochant à Die Linke une forme d’angélisme
vis- à-vis des migrants, qui prétend que l’immigration « dessert les travailleurs
allemands ». BSW, totalisant 4,97 % des voix, rate d’un cheveu l’entrée au
Parlement. Les près de 9 % de Die Linke signifient que plusieurs millions
d’électeurs, et environ 25 % parmi la jeunesse, ont choisi de dire non à la
politique d’austérité des grands partis, non à la militarisation et non à la
chasse aux migrants.
Le 31 janvier, le futur
chancelier Merz avait essayé de faire passer une loi visant à restreindre
l’immigration et le regroupement familial, en s’appuyant pour cela sur les
députés de l’AfD. Cela a provoqué un tollé au Parlement, où sa loi a été
rejetée, mais surtout d’immenses manifestations dans tout le pays, des
centaines de milliers de gens défilant contre le danger d’extrême droite et
s’en prenant aussi à l’apprenti sorcier Merz.
Certes des manifestations ne
suffiront pas à inverser la situation, pas même à faire reculer l’extrême
droite, comme d’ailleurs cette élection le montre. Pour que la situation du
monde du travail cesse de se dégrader, il sera nécessaire de s’en prendre au patronat
sur son terrain, l’économie, donc de renouer avec les grèves et les
mobilisations de l’ensemble des travailleurs.
Alice Morgen (Lutte ouvrière
n°2952)
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Les prochaines permanences et rendez-vous prévus à
Argenteuil et la région :
Aujourd’hui jeudi 27 février, de 16 h.45 à 17 h.30,
entrée de la mairie ;
Vendredi 28 février, de 15 h.45 à 16 h.30, marché du
Val-nord ;
-et de 17 h.15 à 18 h.15 au « carrefour
Babou » ;
Samedi 1er mars : de 10 heures 30 à midi,
centre commercial de la cité Joliot-Curie ;
-de 10 h. à 10 h.30 au marché des Coteaux ;
-de 11 heures à midi au marché de la Colonie ;
-et de 11 h.15 à midi devant Auchan au Val-Sud ;
Dimanche 2 mars, de 11 h. à midi, au marché Héloïse ;
Lundi 3 mars, de 18 à 19 heures, centre cl des
Raguenets à Saint-Gratien.