Crèches :
les bébés livrés à l’ogre du profit
Publié le 25/09/2024
Après Les Fossoyeurs, qui
révélait les agissements du groupe Orpéa dans les Ehpad, Victor Castanet vient
de publier Les Ogres, cette fois consacré à la gestion des crèches par
les groupes privés, en particulier le groupe People & Baby.
Basé sur une enquête de plus de
deux ans, son livre s’appuie sur les témoignages et le combat de parents dont
les enfants ont été victimes de maltraitance, mais aussi de travailleuses,
auxiliaires de puériculture, directrices de crèche ou de cadres qui ont
courageusement rompu le silence sur les pratiques de ces sociétés. Le résultat
est glaçant. Le livre décrit aussi la totale complicité des sphères dirigeantes
de l’État, en particulier de la Caisse d’allocations familiales dans le
siphonnage de l’argent public par les groupes privés.
Plusieurs mères ont engagé le
combat à la suite de maltraitances subies par leur enfant dans certaines crèches
People & Baby. Cela commence par les fesses irritées car la couche n’a pas
été changée. Certaines mères notent que l’enfant sortait tous les soirs affamé,
au point que la courbe de croissance des bébés a été gravement affectée et n’a
retrouvé une trajectoire normale qu’après leur départ de la crèche. D’autres
parents témoignent à quel point leur enfant est devenu irritable, voire
violent. Le manque de fournitures et de personnel est la première cause de ces
dysfonctionnements. Si cette situation est commune à bien des secteurs du privé
mais aussi du public, soumis aux impératifs de la rentabilité, le cynisme des
dirigeants de People & Baby fait froid dans le dos.
Ainsi, l’ancien responsable des
achats explique que le groupe a comme pratique financière de ne pas payer les
fournisseurs, la plupart se décourageant devant le coût et la longueur des
poursuites à engager : tant pis si le groupe se retrouve alors sur la liste
noire de nombre de fournisseurs qui cessent leurs livraisons. Une ancienne
directrice multisites indique qu’elle a « fait face à des soucis
d’approvisionnement quasiment chaque mois. Et ce, sur tous les postes :
alimentation, hygiène, jeux, mobilier… ». Mais ce chaos permet au groupe
d’assurer un fonds de roulement et de réaliser de nouvelles acquisitions.
Les groupes promettent des tarifs
très bas aux mairies pour remporter les appels d’offres. Ces tarifs ne peuvent
être tenus qu’en diminuant de manière irresponsable le personnel et
l’alimentation des enfants. Ainsi, un récent appel d’offres du groupe demandait
aux fournisseurs des quantités de 12 % inférieures aux préconisations minimales
du document de référence de la restauration collective, alors que l’habitude
est plutôt 10 ou 20 % au-dessus.
De même, les effectifs ont
diminué de 10 %, par exemple dans les crèches d’Aix-en-Provence confiées à un
autre groupe privé. Les conséquences des suppressions de postes sont
dramatiques et cumulatives : les équipes sont essorées par la surcharge de
travail. Les démissions se multiplient, le turnover explose et les absences
sont souvent non remplacées.
Comme dans les Ehpad et les
hôpitaux, seuls l’humanité, le dévouement et la lutte au quotidien des
travailleuses des crèches permettent de limiter la maltraitance des enfants
soumis ainsi dès le plus jeune âge aux griffes du capital.
Christian Bernac (Lutte ouvrière
n°2930)
Les prochaines permanences et rendez-vous prévus à Argenteuil et la région
:
Lundi 30 septembre, de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien ;
-Mercredi 2 octobre, de 11 h. à 11 h.30 marché des Champioux ;
-Vendredi 4 octobre, de 17 h.15 à 18 h.15 « carrefour Babou ».