Ce n'est
pas à Matignon que l'on obtiendra satisfaction ! Jeudi, soyons encore des
millions en grève et dans la rue !
03/04/2023
La Première ministre, Élisabeth
Borne, a prévu de recevoir l’intersyndicale mercredi. Celle-ci sera au complet,
puisque la CGT, par la voix de sa nouvelle secrétaire générale, Sophie Binet, a
indiqué que son organisation honorera l’invitation. Pourtant, Borne l’a dit et
redit : elle a acté le recul à 64 ans et refusera de négocier sur les
retraites.
Mis à part se faire payer le thé
et le café, que vont faire les chefs syndicaux à Matignon, à la veille d’une
nouvelle journée d’action ? Bavarder de tout et de rien et ressortir avec
une mesure symbolique censée faire avaler ce recul ? Ou feront-ils
vraiment du retrait de la retraite à 64 ans un préalable à toute
discussion ?
Laurent berger de la CFDT, qui
revendique à cor et à cri son rôle constructif et sa volonté de négocier est
sans doute pressé d’en finir et de reprendre sa place d’interlocuteur
privilégié du pouvoir. Mais cette pression existe pour toutes les
confédérations. Y compris à la CGT, à FO et à Solidaires, où les cadres
permanents passent, de fait, bien plus de temps à discuter avec les
représentants patronaux ou gouvernementaux qu’à aider les travailleurs à
s’organiser et à se battre dans les entreprises.
Il n’y a rien de bon à attendre
de ce genre d’entrevue. Tout comme il ne faut pas attendre les bras croisés le
verdict du Conseil constitutionnel. Cette institution, composée de serviteurs
patentés de la bourgeoisie, peut, en théorie, censurer tout ou une partie de
cette loi avec des arguments juridiques. Mais elle ne s’y résoudra qu’en
sentant l’opposition et la pression du monde du travail.
Depuis deux mois et demi, c’est
la mobilisation de millions de travailleuses et de travailleurs qui compte. Des
millions de femmes et d’hommes, ouvriers, aides à domicile, agents de service,
éboueurs, employés ont pris la parole pour dire « ça suffit ». C’est
cette parole-là qui pèse sur le gouvernement, sur toute la vie politique, et
pousse les chefs de l’intersyndicale au bras de fer avec le gouvernement.
La pénibilité, les problèmes de
santé, les difficultés des horaires décalés, les salaires qui ne suivent pas
les prix, le mépris envers les travailleurs ne sont plus des objets de
discussion entre agents des cabinets ministériels et experts syndicaux. Ce sont
des sources de colère et de revendications criées dans les rues du pays par les
premiers concernés.
Personne ne connait mieux que
nous, travailleurs, les problèmes que nous rencontrons sur une ligne de
production, sur un chantier, dans un service hospitalier ou administratif, où
les moyens manquent pour faire le travail comme il faudrait. Personne ne sait
mieux que le monde ouvrier ce que cela signifie de ne plus rien avoir sur son
compte le 10 du mois et de devoir choisir entre remplir son caddy et se
chauffer. Alors, il nous revient d’exprimer nos revendications.
Allons jusqu’au bout du combat
que nous avons commencé. Macron ne veut pas céder ? Nous non plus, parce
que nous n’avons aucune raison d’accepter une telle injustice.
En temps normal, nous sommes
rivés à notre machine, à notre poste de travail ou à notre bureau. La dureté du
travail et la pression des chefs nous empêchent souvent d’échanger avec nos
camarades de travail et de nous connaître vraiment. Eh bien, profitons-en pour
discuter et faire connaissance ! Profitons-en pour échapper, ne serait-ce qu’une
journée, à l’exploitation et à la domination patronale. Nous avons la
possibilité de nous libérer pour crier ce que nous avons sur le cœur,
profitons-en.
Par la grève, les éboueurs ont
rappelé que les ordures ne se ramassent pas toutes seules, les travailleurs des
raffineries ont montré que les cuves des stations-services ne sont pas
approvisionnées par le Saint-Esprit, les cheminots que les trains ne roulent
pas sans aiguilleurs, contrôleurs, conducteurs ou agents de maintenance… Nombre
de travailleurs ont repris conscience de leur rôle indispensable pour toute la
société et de la force collective qu’ils représentent.
Car tout le monde l’a
compris : si nous ressentons tous une pénibilité au travail, c’est que,
oui, se faire exploiter est pénible pour tout le monde, quel que soit le
métier, et que l’on travaille dans le public ou le privé !
Conscients de notre unité,
conscients de notre force numérique et politique, continuons à nous
mobiliser ! Ne laissons personne parler à notre place ! Macron est fatigué
de ce bras de fer, montrons-lui que le monde du travail a de la réserve. Et
que, si les travailleurs font preuve d’abnégation et de courage pour faire
tourner toute la société, ils en ont aussi pour se battre et se faire
respecter !
Nathalie Arthaud
Pour
le 6 avril, les cars prévus par la CGT dans le Val d’Oise
Les prochaines
permanences Lutte ouvrière prévues :
-mercredi 5
avril, de 11 h. à 11 h.30 au marché des Champioux.