Inde : la
catastrophe et le mépris des gouvernants.
28 Avril 2021
L’épidémie prend un tour
catastrophique en Inde. Les médias ont montré les hôpitaux engorgés, manquant
de tout, les malades mourant dans la rue faute d’un respirateur, et jusqu’aux
lieux de crémation débordant de cadavres. Les familles désespérées pleurent
leurs morts, complètement désarmées. L’État montre sa totale incapacité.
Le gouvernement porte évidemment
une lourde responsabilité dans cette situation. Il est aux mains du parti
nationaliste religieux qui, jusqu’alors, quel que soit le problème, misait sur
la haine des musulmans comme dérivatif. Tout juste capable d’organiser les
pogroms d’une main et les privatisations de l’autre, il a, au début de la
pandémie, fait preuve d’un mépris insondable pour la population. Des millions
de travailleurs, sans ressources pour cause de fermetures d’entreprises, ont
alors tenté de rejoindre, quelquefois à pied, leurs villages d’origine. Des
centaines de millions d’autres, restés dans les grandes villes, affirmaient que
la maladie leur faisait moins peur que la faim.
Le gouvernement indien, comme
tous ses homologues, a fait de grands discours sur la vaccination, produit des
statistiques et des graphiques flatteurs en ne vaccinant qu’une part infime de
la population.
Les nationalistes au pouvoir ont
laissé se dérouler d’immenses rassemblements religieux il y a quelques
semaines. Pire encore, ils ont organisé eux-mêmes des meetings politiques en
vue de leur réélection, sans prendre aucune mesure sanitaire. Le résultat ne
s’est pas fait attendre, l’épidémie a explosé au-delà de ce que le système
sanitaire peut supporter.
Ce gouvernement, aussi coupable
soit-il, n’est pourtant pas le seul responsable. En effet, l’humanité, comme
l’épidémie, est une. Comme l’est aussi l’économie mondiale.
Et justement, dans la division
mondiale du travail imposée par l’impérialisme, l’Inde est un maillon important
de l’industrie pharmaceutique. Il y a dans ce pays de vastes usines, filiales
des trusts mondiaux ou sociétés indiennes, le plaçant au troisième rang pour la
production de principes pharmaceutiques actifs. Quelle difficulté technique y
avait-il à fournir les brevets et les techniques nécessaires pour y produire
les vaccins ? Rien d’insurmontable sans doute, mais la loi du profit, le
secret commercial, la puissance des trusts mondiaux du vaccin en ont décidé
autrement. La population indienne en paye le prix.
Un reportage datant du début de
la pandémie montrait deux policiers chassant à coups de bâton une foule de
plusieurs centaines de travailleurs tentant de prendre un bus pour fuir
l’épidémie.
Cela pouvait donner une idée du
traitement réservé aux opprimés, les mêmes qui se désespèrent aujourd’hui
devant les hôpitaux bondés.
Mais on peut imaginer quelle
colère s’accumule en leur sein contre un gouvernement méprisant, contre les
capitalistes locaux et même l’ordre impérialiste.
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2752)